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les verrues

À propos de cet article :

Résumé

Revêtant de multiples aspects suivant leur localisation, les verrues cutanées affectent environ un quart des enfants d'âge scolaire. Il s'agit d'une infection cutanée bénigne et peu contagieuse liée à la présence d'un papillomavirus à la surface de la peau. Dans la grande majorité des cas, les verrues disparaissent spontanément dans les 2 ans.

Les verrues, encore appelées papillomes viraux, sont des lésions cutanées bénignes, c'est-à-dire sans gravité, correspondant à des excroissances de peau.

Elles sont liées à l'infection de la peau par un virus appelé « human papillomavirus » ou HPV dont il existe de nombreux types différents. On distingue plusieurs sortes de verrues en fonction de leur aspect, de leur localisation sur le corps et du type de virus HPV responsable. On distingue ainsi principalement les verrues vulgaires, les verrues plantaires, les verrues filiformes et les verrues planes.

Une verrue, à quoi ça ressemble ?

Une infection virale bénigne

Les verrues vulgaire

Verrues vulgaires
Verrues vulgaires

Les verrues vulgaires sont des lésions hémisphériques uniques ou multiples surélevées et dont la taille varie de quelques millimètres à 1 cm. Elles sont localisées principalement sur le dos des mains et les doigts. Elles peuvent également se situer en périphérie des ongles et entraîner alors des anomalies de ces derniers et peuvent être très douloureuses à cet endroit.

Les verrues plantaires

Il existe deux types de verrues plantaires :

verrues
Myrmécie
verrues mosaïques
Verrues mosaïques
  • La myrmécie qui est une lésion le plus souvent unique, bien circonscrite, ponctuée de points noirâtres, et parfois douloureuse à l'appui.
  • Les verrues mosaïques qui sont localisées au niveau de la plante des pieds, mais aussi au niveau des mains et en périphérie des ongles, et se présentent sous forme de plaques de peau épaissie recouvertes de lésions multiples superficielles non douloureuses.

Les verrues filiformes

Verrues filiformes
Verrues filiformes

Les verrues filiformes sont situées principalement au niveau du visage, en particulier autour de la bouche et au niveau des zones de rasage (cou). Elles sont plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes.

Les verrues planes

Verrues planes
Verrues planes

Les verrues planes siègent surtout au niveau du visage et sur le dos des mains. Il s'agit de lésions papuleuses arrondies ou polygonales (formes géométriques à plusieurs angles) de petite taille, de couleur chair ou pigmentées, retrouvées par dizaine ou par centaines, sous forme de plaques ou de stries secondaires au grattage.

Les verrues génitales ou condylomes

Certains papillomavirus affectent non pas la peau mais les muqueuses, en particulier les muqueuses ano-génitales, et sont responsables de condylomes ou verrues génitales. La contamination se faisant essentiellement par voie sexuelle, les condylomes sont considérés comme une infection sexuellement transmissible et traités dans la rubrique « infection sexuellement transmissible ».

en savoir + sur les condylomes

Une des affections cutanées les plus fréquentes

Les verrues cutanées sont fréquentes et concernent, en France, un individu sur quatre (26%), en particulier les enfants de 5 à 15 ans puisque l'on considère que 50 à 70% d'entre eux développeront des verrues vulgaires et 20 à 30% des verrues plantaires. Leur incidence décline au-delà de 15 ans et jusqu'à l'âge de 20 ans, pour augmenter à nouveau après 25 ans.

Même si elles touchent principalement les enfants, elles ne sont toutefois pas exceptionnelles chez l'adulte. Elles se rencontrent également fréquemment chez les sujets immunodéprimés, en particulier les sujets ayant subi une greffe du rein en raison des traitements immunosuppresseurs nécessaires à la greffe. Un bilan immunitaire comportant la numération des globules blancs ou leucocytes et une sérologie VIH peuvent être prescrits lors de l'apparition de multiples verrues très profuses chez un adulte « a priori sain ».

Une maladie peu contagieuse

La principale source de contagion est la lésion cutanée elle-même en raison de la dissémination dans l'environnement des squames épidermiques infectées par le virus HPV. Le principal réservoir de virus est donc l'individu porteur de verrues. La transmission interhumaine est le plus souvent directe par contact cutané, favorisée par des effractions cutanées et/ou un dessèchement de la peau.

Certains facteurs environnementaux semblent jouer un rôle important dans la dissémination comme les milieux humides (piscines, salles de sport, transpiration des pieds), les contacts étroits entre individus (scolarité), la taille de la famille (plus elle est grande, plus les verrues sont fréquentes), la vie en collectivité ainsi que la vie en milieu rural. Certaines professions favorisent également la prolifération des verrues, notamment les professionnels manipulant de la viande, des volailles et des poissons (abattage, bouchers, vétérinaires).

Une évolution spontanée vers la guérison

Le système immunitaire permet le plus souvent l'élimination des lésions. Chez l'enfant, dans la très grande majorité des cas, la durée moyenne d'évolution des verrues cutanées est de 2 ans. On estime en effet qu'environ un tiers des verrues guérit spontanément en 6 mois et que la régression spontanée dans les 2 ans s'observe dans deux tiers des cas.

Verrues et cancer

Les HPV responsables des verrues des mains et des pieds n'entrainent pas de cancer cutané, autrement dit les verrues ne favorisent pas la survenue de cancer cutané. A la différence des HPV muqueux responsables du col de l'utérus, les HPV cutanés ne sont pas directement cancérigènes.

verrues péri unguéales
Verrues péri-unguéales

En revanche, une verrue plantaire siège d'une ulcération chronique ainsi qu'une verrue péri-unguéale (autour de l'ongle) ulcérée ou modifiant l'ongle doivent faire consulter un dermatologue afin d'éliminer un cancer cutané pouvant prendre l'aspect d'une verrue.

Les causes des verrues

Un responsable : le virus des papillomes humains (human papillomavirus ou HPV).

Papillomavirus
Papillomavirus

Si la responsabilité du papillomavirus dans la survenue des verrues cutanées est bien établie, son mécanisme d'action dans la prolifération des verrues est encore bien mal compris.

Il existe environ 120 types d'HPV responsables de différentes lésions. Il s'agit de virus ubiquitaires, c'est-à-dire qu'on les retrouve fréquemment à la surface de la peau de nombreux individus sans pour autant qu'ils entraînent de lésions. On estime ainsi à au moins 50% la proportion de porteurs sains. A cause d'une effraction cutanée souvent infime et passant la plupart du temps inaperçue, le virus va infecter la cellule de l'épiderme ou kératinocyte entraînant parfois sa prolifération responsable de l'excroissance cutanée. Certaines maladies fragilisant l'épiderme peuvent aussi favoriser le développement des verrues.

Les mécanismes de développement des verrues sont encore mal élucidés

On ne sait pas aujourd'hui pourquoi ces papillomavirus si fréquemment présents à la surface de la peau de nombreux individus vont être responsables du développement de verrues cutanées chez certaines personnes et pas chez d'autres. Une susceptibilité / un terrain génétique et/ou immunitaire est (sont) évoqué(es).

De même, lorsque le papillomavirus pénètre dans la cellule épidermique (kératinocyte), il peut soit profiter de la multiplication normale des kératinocytes et être ainsi expulsé à la surface de la peau (cycle productif), soit rester à l'état de latence, c'est-à-dire endormi, au sein du kératinocyte et se réveiller un jour, à la faveur d'un stress, d'un déficit des défenses de l'organisme, et entamer alors un « cycle productif ». On ne sait toujours pas aujourd'hui ce qui conditionne « le cycle productif » ou au contraire la « latence » et la « résurgence » du virus après plusieurs années de latence…

Enfin, alors que les papillomavirus semblent spécifiques de l'être humain, le principal réservoir de virus étant l'homme porteur de verrues, on ne sait pas comment expliquer la contamination de certains professionnels comme les bouchers ou les vétérinaires par exemple par manipulation de la viande, de la volaille ou du poisson.

Quels examens pour les verrues ?

Un diagnostic avant tout clinique

Dans la grande majorité des cas, aucun examen complémentaire n'est nécessaire.

Verrues ulcérées
Verrues ulcérées

Le diagnostic des verrues cutanées est avant tout un diagnostic clinique. Dans la plupart des cas, il n'y a pas lieu d'effectuer de biopsie ou d'autre examen.

Des biopsies peuvent toutefois s'avérer nécessaires en cas de lésions atypiques ou de lésions ulcéreuses qui pourraient êtres confondues avec certaines formes de cancers (voir photo).

Attention aux verrues ulcérées…

Une verrue plantaire siège d'une ulcération chronique ainsi qu'une verrue péri-unguéale ulcérée ou modifiant l'ongle doivent faire l'objet d'une biopsie afin d'éliminer une lésion cancéreuse (accéder au chapitre et à la vidéo sur la biopsie cutanée)

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Les traitements les verrues

Une guérison spontanée le plus souvent en quelques mois

L'impossibilité d'éradiquer le virus de façon définitive explique la fréquence des récidives et parfois le sentiment de découragement éprouvé devant des traitements perçus comme insuffisamment efficaces.

Bulle hémoragique
Bulle hémorragique

La disparition spontanée des lésions dans les 2 ans peut justifier l'abstention thérapeutique si le préjudice esthétique est accepté par le patient.

Les verrues cutanées régressent le plus souvent spontanément dans les 2 ans. Dans certains cas, les lésions peuvent persister plusieurs années, chez l'enfant comme chez l'adulte, sans autre conséquence qu'un préjudice esthétique, principal facteur motivant le recours à un traitement qui reste à ce jour purement symptomatique.

En effet, aucun traitement ne permet aujourd'hui l'éradication du virus. L'objectif thérapeutique se résume donc à la destruction pure et simple des lésions visibles par diverses méthodes, aucune d'entre elles n'ayant fait la preuve de sa supériorité à long terme par rapport aux autres. Il n'existe actuellement aucune recommandation privilégiant une méthode plutôt qu'une autre et on peut ainsi indifféremment commencer par l'une ou l'autre technique, et passer également indifféremment de l'une à l'autre.

Le virus ne pouvant être éliminé de façon définitive, et pouvant persister en zone péri-lésionnelle, les récidives sont fréquentes. Il n'est alors pas rare d'éprouver un sentiment de découragement et de relative inefficacité des traitements proposés. Compte tenu de l'évolution spontanément favorable des lésions, l'abstention thérapeutique peut donc parfois être proposée.

En revanche, chez l'adulte, des lésions plantaires ou péri-unguéales ulcérées pouvant prendre l'aspect de verrues doivent motiver une consultation chez le dermatologue afin d'éliminer un cancer cutané dont la prise en charge thérapeutique est alors naturellement radicalement différente.

Les méthodes physiques

Il existe plusieurs méthodes physiques de destruction des verrues. Toutes sont plus ou moins douloureuses et peuvent nécessiter parfois une anesthésie locale.

  • La cryothérapie : c'est de loin la méthode la plus répandue en raison de son extrême facilité d'utilisation et de son faible coût. Elle consiste en l'application locale d'azote liquide, soit à l'aide d'un coton-tige maintenu sur la lésion pendant une dizaine de secondes, soit par pulvérisation à l'aide d'un spray. C'est une méthode qui peut être efficace dès la première séance, mais il est souvent nécessaire de renouveler l'opération plusieurs fois pour obtenir la disparition totale des lésions. (accéder au chapitre et à la vidéo sur les traitements par le froid)
  • L'électrocoagulation : basée sur l'utilisation d'un bistouri électrique, il s'agit d'une technique ancienne qui n'a plus véritablement d'indication aujourd'hui compte tenu des autres techniques proposées et des risques de cicatrices.
  • Le curetage chirurgical : il reste réservé aux lésions volumineuses uniques ou pédiculées. Il existe un risque de cicatrice douloureuse.
  • La vaporisation au laser CO2 : il s'agit d'une méthode coûteuse laissant une cicatrice dans 50% des cas. Comme pour l'électrocoagulation, la formation de vapeurs contenant des particules virales, donc potentiellement contaminantes, nécessite à la fois une aspiration efficace ainsi que la protection du visage (yeux, nez, bouche) tant du patient que du médecin.

Les méthodes chimiques

Les kératolytiques : des préparations à base d'acide salicylique à des concentrations variant de 10 à 60%, associé ou non à de l'acide lactique et à de l'acide trichloracétique, peuvent être appliquées quotidiennement sous pansement occlusif (fermé) pendant une à deux semaines pour désépaissir et « décaper » les verrues surtout si elles sont épaisses.

Quand retourner voir le dermatologue après traitement ?

Que les verrues aient été détruites par une méthode physique ou par une méthode chimique, il est recommandé de retourner voir le dermatologue 3 à 4 semaines plus tard afin de s'assurer de la bonne évolution du traitement et de la bonne cicatrisation des lésions. Il n'est pas rare que des séances supplémentaires soient proposées en raison d'une disparition incomplète des lésions. Un suivi mensuel par le dermatologue est recommandé jusqu'à la disparition complète des lésions.

Les complications liées aux traitements

Les traitements destructeurs des verrues entraînent une nécrose cutanée susceptible de s'ulcérer et de se surinfecter. Un traitement désinfectant local est en général suffisant, le recours à un traitement antibiotique par voie générale restant exceptionnel et réservé aux cas les plus sévères.

Les traitements d'avenir

Deux pistes de recherche sont actuellement explorées :

  • les traitements immunomodulateurs dont le principe serait d'essayer de déclencher une réaction immunitaire susceptible d'éliminer les virus HPV ;
  • la vaccination préventive contre les virus HPV de façon similaire à celle qui est proposée aux jeunes filles à la puberté ou dans la première année suivant les premiers rapports sexuels afin de prévenir la survenue de verrues génitales et d'un cancer du col de l'utérus (voir rubrique organes génitaux).

Quid de l'homéopathie, des rebouteux et des magnétiseurs ?

Les limites de la médecine traditionnelle dans le traitement des verrues cutanées laissent évidemment la place aux méthodes moins conventionnelles et aux médecines parallèles qui peuvent avoir une certaine efficacité même si ces dernières ne sont ni scientifiquement documentées, ni scientifiquement validées. Les traitements homéopathiques et phytothérapiques, les magnétiseurs, les rebouteux sont ainsi régulièrement essayés par bon nombre de personnes avec parfois une relative efficacité, en n'oubliant pas cependant que l'évolution naturelle des verrues est habituellement leur disparition spontanée… avec ou sans traitement !

Conseils à suivre pour les verrues

La principale source de contagion est la lésion cutanée en raison des squames épidermiques disséminées dans l'environnement. La transmission entre les individus s'effectue le plus souvent par contact cutané direct, favorisée par des effractions épidermiques ou un dessèchement de la peau. Il est ainsi recommandé d'éviter d'écorcher ou de gratter des verrues afin de limiter les risques de propagation du virus et de contamination des zones voisines de la lésion initiale.

Drainage verrue
Drainage de la bulle hémoragique

Par ailleurs, le papillomavirus affectionnant particulièrement les milieux humides et les zones de macération, il est recommandé de bien se sécher les pieds en sortant de la piscine. L'intérêt du port de chaussures en plastique n'a pas été démontré.

Les porteurs de verrues ne sont pas des pestiférés !

Si les verrues cutanées sont contagieuses, le risque de contamination d'homme à homme reste faible. Ainsi, on ne risque pas « d'attraper des verrues » en serrant la main d'une personne ayant des verrues. Au sein d'une famille, il est inutile voire pénalisant, d'isoler la vaisselle ou le linge d'un enfant porteur de verrues… Rappelons que le papillomavirus est un virus ubiquitaire présent à la surface de la peau de plus de 50% des individus !

Quelques conseils à respecter après traitement

  • Une hygiène rigoureuse pour limiter les surinfections :
    la principale complication des traitements destructeurs étant la surinfection, il est recommandé de se laver régulièrement et soigneusement les zones traitées, en particulier les mains, après ablation des lésions.
  • Percer et évacuer la bulle hémorragique si nécessaire : les traitements à base d'azote liquide provoquent souvent une cloque pleine de sang qui peut être douloureuse (voir photo). Il est alors conseillé de percer la bulle avec une aiguille préalablement chauffée afin d'évacuer le contenu liquidien, qu'il soit sanguin ou non, et de bien désinfecter la plaie.
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