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les tatouages

quels risques ?

À propos de cet article :

Qu’est-ce que c’est ?

Tout sur le tatoo

Il consiste en l' introduction de pigments et de colorants dans la peau afin d' obtenir un dessin permanent. Cette pratique connaît un regain de popularité depuis près d' une vingtaine d' années, principalement auprès des plus jeunes. En 2017, on estimait que 17% de la population francaise avait un ou des tatouages.

Le métier de tatoueur

Il n' est actuellement toujours par reconnu par la loi Française. Néanmoins, les tatoueurs sont des artistes ayant acquis un savoir-faire technique qui en font de véritables professionnels du tatouage. Une charte d' hygiène existait depuis 2003, écrite conjointement par le Syndicat National des Artistes Tatoueurs et des médecins de l' hôpital Rotschild à Paris, elle établissait les règles d' hygiène et de stérilisation du matériel. Par ailleurs, une formation théorique obligatoire à l' hygiène est inscrite depuis peu dans la loi. La législation française reconnaît les « produits de tatouage » en ayant inséré leur définition (toute substance ou préparation colorante destinée, par effraction cutanée, à créer une marque sur les parties superficielles du corps humain) et les dispositions prévues pour leur fabrication ainsi que leur utilisation dans le Code de la santé publique (Loi du 9 août 2004

).

Depuis 2008, un décret « fixant les conditions d' hygiène et de salubrité à respecter lors de la pratique du « tatouage avec effraction cutanée » (…) et modifiant le code de la santé publique » est appliqué en France.

Ces dispositions réglementent la mise en œuvre des techniques de tatouage par effraction cutanée, y compris de maquillage permanent et de perçage corporel (Articles R.1311-1 à R.1311-13 ; Articles R.1312-9 à R.1312-13 ; Code de la santé publique).

Elles incluent la déclaration des activités de tatouage, la formation des professionnels, notamment aux règles d' hygiène et de salubrité.

Le tatouage est réalisé avec un dermographe

C' est une machine à tatouer électrique, des aiguilles à usage unique ou stérilisées et des colorants, pour lesquels la composition doit maintenant être fournie par le fabricant.

Avant de tatouer, l' artiste inspecte la peau à la recherche de grains de beauté ou de lésions sur lesquels il ne faudra pas tatouer, rase la peau et la désinfecte. Le matériel utilisé est stérile/ou à usage unique et le port des gants obligatoire. Après la séance, une série de recommandations et de conseils est donnée au client qui devra se représenter à distance pour vérifier que le tatouage a bien cicatrisé.

Notons qu' une norme européenne « Tatouage - Bonnes pratiques d' hygiène et de salubrité » sera publiée fin 2019.

Malgré toutes ces précautions, la réalisation d' un tatouage n' est pas sans risque car la peau n' est pas « faite » pour recevoir des corps étrangers. Le tatouage peut être considéré comme un petit geste « médical » avec une effraction de la barrière cutanée et rupture des petits vaisseaux de la peau. Par la suite, la présence des corps étrangers dans la peau s' accompagne d' une réaction inflammatoire permanente car la peau tente de se débarrasser petit à petit de ces colorants, qu' il considère comme des intrus.

Quels sont les conseils à suivre ?

après tatouage

Le tatouage est permanent

Comme toujours, bien considérer sa décision de se faire tatouer et éviter les tatouages « impulsifs ». Le tatouage est permanent et, malgré les améliorations des techniques de détatouage, un détatouage par laser n' est pas efficace à 100%, est long et douloureux et a un coût. La chirurgie s' accompagne toujours d' une cicatrice après retrait.

Choisir un tatoueur professionnel

Choisir un tatoueur professionnel, déclaré en préfecture et travaillant dans un salon dédié. Éviter à tout prix les tatouages à domicile, en raison des risques infectieux mais également de résultats esthétiques médiocres (et donc source de regret). Respecter à la lettre tous les conseils de soins prodigués par le tatoueur. Chaque tatoueur a ses petites habitudes mais il existe des conseils standards : pas de piscine, pas d' eau de mer, pas de soleil sur le tatouage en cours de cicatrisation. Une toilette à l' eau tiède et au savon (de Marseille), 2-3 fois par jour. Il n' y a aucune indication à appliquer systématiquement un désinfectant ou une crème antibiotique.

Les risques

Les 6 infos à connaître sur les risques des tatouages

Les risques

Les risques infectieux locaux

Le tatouage réalise une effraction de la barrière cutanée et une rupture des petits vaisseaux de la peau. Par la suite, la présence de ces corps étrangers dans la peau peut s' accompagner de réactions dites allergiques ou de localisation de problèmes de peau spécifique à un individu. Durant la séance de tatouage, les aiguilles percent la peau et induisent une brèche dans la barrière cutanée. Cette petite plaie qui cicatrisera en quelques semaines peut être la porte d' entrée à des infections bactériennes, notamment à des Staphylocoques. Ces infections restent fort heureusement rares et d' évolution favorable en quelques jours dans la grande majorité des cas. En effet, d' un côté, le tatoueur désinfecte régulièrement la peau pendant le geste, et pendant la cicatrisation du tatouage, le client se doit de nettoyer à l' eau et au savon plusieurs fois le tatouage et ce dès la fin de la séance. Le savon est un excellent désinfectant qui permet de prévenir une infection cutanée comme une folliculite bactérienne ou des furoncles. Habituellement, les infections sévères à des germes classiques comme le staphylocoque ou des germes atypiques (mycobactéries) surviennent si le tatoueur a travaillé dans des conditions sales, sans hygiène et également si le client n' a pas respecté les soins préconisés par le tatoueur. Enfin, des verrues virales peuvent parfois se retrouver à apparaître sur des tatouages sans que l' on sache réellement pourquoi. Il s' agit probablement de verrues présentes avant le tatouage, mais non visibles à l' œil nu ou pas reconnues par le tatoueur, et disséminées ensuite sur les tracés du tatouage.

Les risques infectieux viraux

Le tatouage s' accompagne d' un saignement durant la séance avec un risque potentiel de contamination par certains virus transmissibles par le sang comme l' hépatite B, le virus de l' immunodéficience humaine (VIH) et surtout l' hépatite C. Des cas d' infections principalement pour l' hépatite C ont été rapportés il y a de nombreuses années après tatouage. La contamination était due à l' absence d' asepsie de la part de tatoueurs qui réutilisaient du matériel ou les mêmes aiguilles sur plusieurs patients sans les stériliser. Actuellement, les tatoueurs « professionnels » utilisent, soit des aiguilles jetables à usage unique, soit du matériel qu' ils stérilisent. Ces précautions rendent actuellement exceptionnelles pour ne pas dire impossibles les infections par le virus de l' hépatite C si le tatouage a été réalisé dans un salon dédié.

Les réactions allergiques aux encres de tatouages

Il s' agit probablement de la complication la plus fréquente après tatouage. Les réactions se caractérisent par un tatouage qui démange, qui gonfle - parfois après exposition solaire - et des lésions plus ou moins importantes distribuées essentiellement sur le tatouage. Le plus souvent une seule couleur est affectée par le phénomène (habituellement le rouge, mais cela est possible pour toutes les autres couleurs). Ces réactions sont imprévisibles et peuvent arriver dans des délais allant de quelques semaines (parfois dès la fin du tatouage) à plus de 40 ans après le tatouage. Ces réactions sont encore, à ce jour, imprévisibles.

Traitement des allergies

Le traitement de ces allergies passe par l' application de corticoïdes locaux. Mais, ces traitements sont décevants car l' encre est toujours présente dans la peau. Le retrait du tatouage par laser ou chirurgie est parfois nécessaire.

Il ne sert absolument à rien de faire une « zone test«  de tatouage sur un coin de peau cachée. Aucun test allergique avant tatouage n' a d' intérêt pour détecter une allergie à une encre de tatouage.

La composition des encres

Une régulation de la composition des encres de tatouage a commencé au niveau européen. Elle pourrait permettre dans le futur de limiter ce type de complications et de mieux conseiller un client en cas d' allergie connue à un composant. Pour le moment, en cas d' allergie pré-existante à une encre de tatouage (à une couleur donnée), il vaut éviter la couleur quelle que soit la marque d' encre de tatouage car il peut arriver que des composants communs soient utilisés dans des encres différentes.

Les risques liés aux problèmes de peau pré-existant au tatouage

En pratique, aucun artiste ne tatoue sur une zone de peau présentant des lésions cutanées.

En cas de lésion sur une zone prévue pour un tatouage, il vaut mieux suspendre la séance et consulter un dermatologue pour prendre avis.

Certaines maladies dermatologiques chroniques peuvent se localiser préférentiellement sur des zones de traumatismes (un tatouage est un traumatisme local).

Il s' agit par exemple du psoriasis, du lichen plan, du lupus cutané, de la sarcoïdose ou du vitiligo. On recommande habituellement aux personnes atteintes de ces maladies, d' éviter de se faire tatouer ou, du moins ne pas de se faire tatouer quand la maladie est active (avec des lésions qui augmentent en nombre et/ou en taille). Tatouer « à côté » de la lésion ne permet en rien de prévenir une éventuelle poussée sur tatouage, car ce sont des maladies de la peau dans sa globalité, même celle qui apparaît « saine ».

En cas d' acné, notamment du dos, on recommande d' attendre que le traitement soit efficace et la peau nettoyée avant de faire un tatouage, car les lésions d' acné sont inflammatoires et contiennent certains germes. En revanche, il n' existe pas de contre-indication à tatouer les patients traités mais la cicatrisation du tatouage pourra être plus longue avec certains médicaments anti-acné (rétinoïdes).

Les grains de beauté

Les tatoueurs évitent habituellement de tatouer sur les grains de beauté, laissant un petit « blanc » au niveau du dessin. Si traumatiser un grain de beauté n' est pas un facteur de risque de cancer de peau, le grain de beauté peut néanmoins se modifier, et changer d' aspect dans les semaines qui suivent. Le principe de précaution incite alors à retirer entièrement ce dernier pour l' analyser.

Un tatouage perturbe la surveillance des grains de beauté chez le dermatologue. On conseille donc d' éviter de tatouer sur une zone où il y a beaucoup de grains de beauté, de choisir un motif « aéré » (éviter les aplats noirs larges) et de prendre des couleurs claires.

Les personnes souffrant du syndrome des nævus atypiques (un très grand nombre de nævus tous différentes les uns des autres) doivent être très prudentes quand elles se font tatouer car la surveillance des grains de beauté peut devenir difficile. En effet, le suivi et le dépistage du mélanome peuvent devenir très difficiles si un grain de beauté est caché sous un tatouage.

Tatouage et cancer de la peau

Il existe quelques cas de patients ayant développé des cancers de peau sur des tatouages plus ou moins récents. Néanmoins, il est à ce jour difficile de dire s' il existe un lien direct entre les deux, ou s' il s' agit d' une association fortuite. Actuellement, il convient de consulter un dermatologue si une lésion apparaît et ne cicatrise pas sur un tatouage.

Au total, un certain nombre de complications est le fruit d' erreurs humaines (non respect des règles d' hygiène, contamination de l' encre, absence de soins locaux à domicile) et d' autres sont indépendantes du tatoueur ou du client (réactions allergiques, localisation d' une maladie de peau connue ou non).

L’essentiel à retenir

6 points à retenir !

  • même réalisé dans de bonnes conditions d' hygiène, par un tatoueur expérimenté, un tatouage n' est jamais complètement sans risque
  • la complication possible et imprévisible la plus fréquemment observée est la survenue d' une allergie à l' encre de tatouage (notamment à l' encre rouge)
  • les infections locales sont aisément évitées lorsque le tatoueur et son client respectent rigoureusement les règles et consignes d' hygiène (obligation de matériels stériles pour le tatoueur, choisir un tatoueur professionnel)
  • les infections et transmissions de virus (hépatites B et C, HIV) sont quasiment impossibles si les tatouages sont réalisés dans les conditions requises d' hygiène et d' asepsie.
  • les personnes porteuses de nombreux grains de beauté doivent être très prudentes dans le choix du dessin tatoué, qui doit passer à distance.
  • certaines maladies de peau (psoriasis, vitiligo, lichen plan, sarcoïdose…) peuvent se réactiver sur un tatouage.
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