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la couperose et la rosacée

À propos de cet article :

Résumé

Malgré son nom floral, la rosacée est une maladie dermatologique fréquente, chronique et gênante. Il s' agit d' une affection qui touche les petits vaisseaux du visage. Elle touche fréquemment les personnes à peau claire et peut avoir des conséquences psychoaffectives importantes.

Il s' agit d' un dermatose fréquente

4 millions de personnes seraient concernées en France.


Il existe plusieurs sous-types de rosacée, regroupant les formes erythémato-télangiectasiques, les formes papulopustuleuses, les formes hypertrophiques.

L' évolution de l' affection se fait sur le mode chronique et peut se compliquer d' atteintes oculaires parfois sévères, de pyoderma facial (rosacée fulminans), de rhynophyma (forme hypertrophique sévère).

Les traitements bien codifiés dépendent de la forme et de la sévérité de la rosacée.

À quoi ressemble la rosacée ?

Comprendre

La rosacée peut revêtir trois formes, qui ne sont pas forcément successives dans le temps, ni la conséquence l' une de l' autre. La forme vasculaire, la forme papulo-pustuleuse et la forme hypertrophique avec son stade ultime : le rhinophyma.

Les différentes formes de rosacée

La forme vasculaire ou couperose

C' est, de loin, la forme la plus fréquente.
La rougeur ou érythrose est l' élément le plus caractéristique de la rosacée et, c' est en tout cas, le motif de consultation le plus courant. Cette sensation de visage rouge est particulière car l' atteinte se concentre principalement au centre du visage en épargnant le pourtour des yeux et celui de la bouche.
En revanche, les joues, le nez, le milieu du front et le menton sont concernés (voir illustration ci-dessous).
Cette localisation et la permanence de la rougeur sont très typiques de la rosacée. Il arrive qu' elle touche la partie sans cheveu du cuir chevelu chez l' homme dégarni.

rosacée vasculaire
Rosacée : forme vasculaire

Si on regarde la peau au microscope, on s' aperçoit qu' elle est très œdémateuse, que les cellules de l' épiderme sont disjointes et que les vaisseaux du derme sont irréguliers et dilatés.

Dans cette forme, la rougeur est accompagnée d' une sensibilité exacerbée de la peau qui rend difficile l' application de cosmétiques.

Cette intolérance concerne même parfois le savon et l' eau. Cette sensibilité de la peau correspond à un nombre élevé de terminaisons nerveuses dans la partie profonde la peau et à la présence d' une substance appelée « substance P » présente localement et dans le sang. Cette molécule sécrétée par les cellules nerveuses est responsable d' une inflammation locale. Après traitement par le laser, le nombre des terminaisons nerveuses diminue de façon importante.

La coloration de la peau peut être associée au développement de petits vaisseaux très fins, très rouges et parfois même violacés définissant la couperose. Ils sont visibles juste sous la surface de la peau et les médecins les désignent par le terme de télangiectasies. Cette forme s' accompagne fréquemment de manifestations à type de bouffées de chaleur (flushes) qui surviennent dans des circonstances très évocatrices telles que lors de l' ingestion d' aliments chauds ou épicés ou de la prise d' alcool. Le visage et parfois le cou deviennent très rouges avec une désagréable impression de chaleur.

Un œdème (gonflement) du centre du visage est parfois visible.La peau peut avoir un aspect sec avec desquamations.

Autre signe fréquemment associé (chez un malade sur trois), les brûlures oculaires avec une sensation permanente de grain de sable dans l' œil appelé rosacée oculaire.

La rosacée oculaire

  • 30 à 50% des rosacées s' accompagnent d' une atteinte oculaire. Elle peut précéder de plusieurs années la forme cutanée de la rosacée.
  • elle serait due au dysfonctionnement des glandes de Meibomius qui contribuent à la lubrification des yeux :ce sont des petites glandes présentes le long des paupières et qui secrètent une substance huileuse)
  • elle se présente sous forme de conjonctivite, blépharite, kératite, chalazions, télangiectasies des paupières, hyperhémie conjonctivale (œil rouge), irrégularités visibles du bord des paupières.
  • les symptômes très inconfortables sont : sécheresse avec sensation de corps étranger ou de sable dans les yeux, brûlures, vision trouble, hypersensibilité à la lumière (photophobie).

Un avis médical spécialisé ophtalmologue est nécessaire.

rosacée oculaire
Rosacée oculaire

La forme papulo-pustuleuse

Sur ce fond de rougeur du visage, peuvent apparaître des papules (voir illustration ci-dessous) mais surtout des pustules (voir illustration ci-dessous), qui ressemblent à des lésions d' acné.

Les papules sont des élévations de la peau, rouges, fermes et parfois douloureuses qui mesurent de un à quatre millimètres. Elles sont entourées d' une auréole inflammatoire et peuvent apparaître spontanément sur fond de rougeur du centre du visage. Elles expriment parfois l' invasion de la glande sébacée par un parasite, présent habituellement dans le follicule et appelé Demodex Folliculorum.

A ce stade, l' atteinte du follicule pilo-sébacée est superficielle, mais elle peut évoluer vers le stade de pustule.

Les pustules ont une taille souvent inférieure à celle des papules, elles peuvent se développer en dehors de tout contexte infectieux. Ces éruptions évoluent par poussées qui s' améliorent le plus souvent spontanément : la rougeur persiste, mais les lésions pustuleuses et papuleuses régressent. Si ce n' est pas le cas, les traitements peuvent aider efficacement au retour à la normale.

Au début peu nombreuses, le nombre des papules et pustules s' aggrave habituellement progressivement au cours des poussées ultérieures. Les poussées au début espacées se rapprochent au fils des mois ou années.

rosacée papulo-pustuleuse
Rosacée papulo-pustuleuse
rosacée papulo-pustuleuse
Rosacée papulo-pustuleuse
rosacée papulo-pustuleuse
Rosacée papulo-pustuleuse

La forme hypertrophique

C' est la forme la plus rare qui concerne moins de 5% des patients souffrant de rosacée avec une très grande prédominance masculine. Classiquement, elle se traduit par :

  • un aspect rouge et soufflé de la pointe du nez ; ce sont d' autant d' éléments inconscients qui peuvent donc avoir un effet très négatif sur le moral et l' image corporelle.
  • un épaississement de la peau et une dilatation des orifices des glandes sébacées de cette région du visage.
  • des protubérances charnues très disgracieuses.

C' est ce qu' on appelle le rhinophyma : cette forme, plus que les autres, a des répercussions psychologiques importantes car cet aspect physique évoque encore plus que les autres l' image populaire de l' alcoolisme chronique. Si l' alcool n' a rien à voir dans les causes, son seul effet est le déclenchement de bouffées vaso-motrices. Le préjudice esthétique est tel que le rhinophyma est considéré comme une complication majeure de la rosacée. L' épaississement cutané est parfois également associé à des papulo-pustules et peut s' étendre au reste du visage.

rosacée rhinophyma
Rhinophyma
  

La forme compliquée rare à type de pyoderma facial ou rosacée fulminans

Cette forme exceptionnelle débute chez les femmes de 30 à 40 ans parfois au cours de la grossesse, de la maladie de Crohn, ou d' un traitement par interferon alfa. Les pustules sont très nombreuses et douloureuses et les lésions peuvent être nodulaires et défigurantes. Une hyperséborrhée associée est parfois possible (peau grasse).


Comprendre la couperose et la rosacée

Un nom imagé pour une maladie touchant le visage

La rosacée est une maladie dont la dénomination ne s' est stabilisée que récemment. Elle était appelée autrefois « goutte rose ». Ce terme étant jugé peu élégant, il est devenu « couperose » au XIXe siècle. Progressivement, cette dénomination ne s' est plus appliquée qu' aux anomalies des petits vaisseaux des joues.

La maladie s' est encore nommée « acné rosée » puis « acné rosacée », deux appellations qui ont laissé place aujourd' hui à celle de rosacée. Ce nom faisant référence à la couleur caractéristique que prend le visage lors de la maladie.

L' aspect général du visage faisant évoquer, à tort, par l' entourage un excès chronique de consommation alcoolique, la rosacée est une maladie socialement particulièrement difficile à vivre, en particulier par les femmes.

Les femmes en priorité

La rosacée est une maladie plutôt fréquente puisqu' en France, 2 à 3% de la population adulte est concernée, ce qui représente approximativement un million de personnes. Les femmes sont particulièrement touchées puisque l' on compte deux femmes pour un homme souffrant de rosacée.

La maladie débute rarement avant 30 ans avec une fréquence qui augmente progressivement jusqu' à un pic autour de la ménopause pour les femmes (40/50 ans). Elle est quasi inexistante chez l' enfant, et au-delà d' un certain âge (70 ans), les personnes épargnées jusque-là développent rarement la maladie.

En l' absence de prise en charge correcte, la rosacée, quelle que soit sa forme, peut s' aggraver progressivement jusqu' à des manifestations ultimes dont fait partie le rhinophyma . Mais il s' agit d' une maladie capricieuse qui évolue par poussées avec une exacerbation possible, mais qui n' est pas obligatoire.

Une atteinte importante de l' image de soi

Comme pour les malades souffrants d' acné, le fait que la rosacée atteigne le visage peut avoir un fort retentissement psychologique. Une femme de 45 ans a du mal à assumer d' avoir des signes qui évoquent l' acné, et qui plus est, sur un fond de lésions vasculaires laissant imaginer un excès de consommation alcoolique.

Cette rougeur est associée à des émotions négatives (mauvais contrôle de soi et de ses sentiments : colère, timidité…). Le rouge n' est pas souhaitable dans les rapports sociaux. Ce sont d' autant d' éléments inconscients qui peuvent donc avoir un effet très négatif sur le moral et l' image corporelle.

Les causes

Les mécanismes de survenue de la rosacée sont, aujourd' hui encore, assez mystérieux et l' on ne connaît pas la cause de cette maladie.

Parmi les certitudes des scientifiques :

  • L' origine vasculaire de la maladie : une anomalie de « shunts » avec « hyperéactivité » des vaisseaux du visage. Les vaisseaux sanguins seraient porteurs d' une anomalie de fonctionnement :
    • Dans le cas de la rosacée, il existe parfois un dysfonctionnement de ces veines qui se traduit par une stagnation du sang dans les vaisseaux de la face, entraînant en cascade la dilatation des vaisseaux, l' œdème et l' altération de l' endothélium, fine membrane qui recouvre l' intérieur des veines du visage. Cette constatation est un argument supplémentaire en faveur d' une anomalie primitive de la vascularisation.
  • La Prédisposition génétique : l' anomalie se rencontre surtout chez les sujets de type nordique à peau claire, yeux clairs et cheveux clairs (cette particularité explique que l' on ait pu parler, pour qualifier la rosacée, de « malédiction des Celtes ») : en France, la maladie est très rare dans le sud et beaucoup plus fréquente au nord de la Loire. De l' autre côté de la Méditerranée, et particulièrement sur peau noire, la maladie est pratiquement inexistante.
  • Le rôle du Demodex Folliculorum, et de certaines bactéries retrouvées en grand nombre sur le visage des patients atteints. Le Demodex est retrouvé également dans la dermite péri-orale et post corticoïdes, ainsi que dans les blépharites (atteinte des paupières en bordure des cils). Il agit comme un agent pro-inflammatoire (favorise l' inflammation) dans la rosacée.

Quels sont les facteurs favorisants de la rosacée ?

L' alcool

La consommation excessive et régulière d' alcool aggrave significativement la rosacée, et accélère nettement l' évolution vers une érythrose, une couperose et une acné rosacée parfois sévère, voire le rhinophyma.

Les  facteurs climatiques

Ils jouent un rôle important dans la maladie&nspb;:

  • l' exposition au vent (surtout le vent froid)
  • l' exposition au soleil,
  • l' exposition au froid : c' est sans doute en partie pour cela que la rosacée est très présente dans les pays nordiques : les brusques passages du froid intense à la chaleur pouvant être responsables de cet état de fait.

Quand chaleur rime avec rougeur

Parmi les éléments connus, l' existence de facteurs favorisants, comme les changements de température, le travail devant des sources de chaleur, en fait, toute adaptation thermique brutale.
La rosacée touchait par exemple plus particulièrement les souffleurs de verre ou des cuisinières.
Cette maladie entraînant une gêne importante due à la chaleur, la peur des sensations cutanées douloureuses liées à la chaleur (thermophobie) associée à la rosacée conduit les personnes atteintes à éviter les efforts physique intenses pouvant les provoquer.

Les aliments

Cette maladie a aussi la particularité d' être influencée par l' alimentation.
Les aliments épicés ou l' absorption de boissons chaudes sont des facteurs qui peuvent parfois aggraver les symptômes.
Si l' on a cru que l' effet excitant du café ou du thé pouvait avoir une responsabilité sur l' évolution de la rosacée, il s' est avéré ne rien en être. C' est en fait le seul effet thermique de ces boissons qui explique leur implication dans la rosacée. L' élément commun de tous les aliments ou boissons pouvant être impliqué dans cette maladie est de favoriser les bouffées vasomotrices.

Les émotions

Les émotions fortes, ou le stress répétés sont des facteurs bien connus d' aggravation.

Et aussi éviter

  • La pratique  d' un sport intense avec échauffement du corps.
  • Les bains chauds, sauna et hammams.
  • Les épisodes de fièvre.
  • L' humidité excessive.
  • Les corticoïdes en question :
    Il existe deux situations où les corticoïdes peuvent être incriminés :
    • la première, c' est la rosacée qui est aggravée par l' application de corticoïdes.
    • la seconde c' est l' induction de la maladie, suite à l' utilisation au long cours de ce type de médicaments. Cette rosacée est consécutive à l' application de corticoïdes locaux, à forte dose et de façon prolongée sur le visage ; on l' appelle « rosacée stéroïdienne ». Elle est caractérisée par une dépendance aux corticoïdes, associée à une rougeur accompagnée de desquamation des joues et de grandes télangiectasies, de papules et de pustules nombreuses.

Il est important de retenir que la corticothérapie locale du visage doit être courte, exclusivement sous contrôle médical, et qu' en règle général, on n' utilise sur le visage que des corticoïdes dits faibles. Il semble en effet que l' application chronique d' un corticoïde puisse induire une rosacée par un effet vasoconstricteur local.

Quels examens ?

Le diagnostic de la rosacée est exclusivement clinique. L' examen visuel du dermatologue et son interrogatoire sont les deux piliers principaux du diagnostic. Comme il existe de nombreuses maladies dont l' expression est proche (acné, lupus…), l' expertise du clinicien est prépondérante et le diagnostic doit donc être posé par un dermatologue.

La biopsie cutanée en cas de diagnostic difficile

Dans certaines formes de rosacée, il est nécessaire de faire une biopsie cutanée en cas de doute, pour éliminer avec certitude d' autres diagnostics.

Cette biopsie qui consiste à prélever un très petit morceau de peau malade pour l' examiner sous le microscope, permet de retrouver des lésions caractéristiques de la maladie.

La rosacée est caractérisée par la présence d' un œdème important (du liquide à l' extérieur des vaisseaux), un aspect déstructuré de l' épiderme et la présence de vaisseaux dilatés et irréguliers dans les couches moyenne et profonde de la peau (derme et hypoderme).

La biopsie permet parfois de visualiser le parasite qui colonise les glandes sébacées : demodex folliculorum. Il s' agit là d' un des arguments histologiques du diagnostic de la rosacée.

Quels traitements médicaux ?

pour couperose et rosacée

La bonne prise en charge d' une rosacée ne peut s' inscrire que dans le cadre d' une relation durable et de qualité avec son médecin car tous les traitements de toutes les formes de rosacées sont suspensifs.

En fonction de l' intensité des symptômes et de leurs conséquences ressenties, différentes stratégies de traitement pourront être envisagées.

Toutes les formes de rosacée ne sont pas égales face au traitement :

  • La forme papulo-pustuleuse répond bien aux traitements locaux et cyclines choisis en fonction de l' importance des lésions.
  • Le traitement des formes vasculaires reposent sur l' association de règles hygiéno-diététiques et de méthodes physiques (surtout Laser)

Le traitement des formes vasculaires

Le traitement par lasers

Le laser permet d' atténuer les rougeurs et les télangiectasies visibles de la rosacée et, probablement de réduire les récidives de la maladie après laser.

Les différentes évolutions techniques qu' a connues le laser ces dernières années permettent une prise en charge efficace dans le traitement de la couperose et de l' érythrose.

Plusieurs types de laser permettent de soigner la couperose : le laser KTP, les lasers à colorant pulsés et le laser Nd : Yag. Ces lasers sont parfois complémentaires et l' expérience du praticien lasériste permet le choix le plus adapté au type de peau et de lésions à traiter. Il est nécessaire de pratiquer ces séances sur une peau claire non bronzée, de préférence en période hivernale.

Le laser KTP

Il est utilisé depuis longtemps couramment pour la couperose. Il est basé sur le principe de photo-coagulation et se distingue entre autre par la couleur verte de son faisceau. Il est efficace pour les rosacées constituées de petits et moyens vaisseaux.Il reste par contre limité dans le traitement de l' érythrose.

Après le traitement, des rougeurs et parfois un œdème apparaissent sur la surface de la peau et persistent habituellement entre 1 et 3 jours, suivant la sensibilité du patient. De petites croûtes passagères peuvent également se former sur les surfaces traitées.

Une à 4 séances sont parfois nécessaires la première année de traitement .Des séances ultérieures d' entretien annuelles s' avèrent utiles.

Le laser à colorants pulsés

Les lasers à colorant pulsés sont aussi utilisés depuis de nombreuses années et ont fait leur preuve dans le traitement de la rosacée .Ils ont connu plusieurs évolutions techniques. Ils agissent en mode thermo-coagulation ou en mode photo-thermolyse.

  • En mode thermo-coagulation, le laser à colorant pulsé est un traitement qui s' adapte bien à la couperose légère. 3 ou 4 séances sont généralement nécessaires. Après le traitement, des rougeurs s' installent à la surface de la peau traitée. De 1 à 3 jours peuvent être nécessaires pour qu' elles disparaissent.
  • En mode photo-thermolyse sera préféré pour les formes de couperose plus sévère. C' est un traitement plus agressif puisqu' il entraine l' éclatement des vaisseaux. Il a cependant l' avantage de nécessiter moins de séances : 1 à 2 séances. Il se forme des taches violacées qui peuvent durer jusqu‘à 3 semaines (purpura). Une éviction sociale semble inévitable dans cette période.

On peut combiner ces deux modes dans une seule séance.

Le laser Nd : Yag

Le laser Nd : Yag est de découverte plus récente dans le traitement de la rosacée. Son principe est basé sur la thermo-coagulation. Il se distingue des autres lasers par une longueur d' onde plus élevée. Il est utilisé pour le traitement des rosacées profondes, constituée de vaisseaux de diamètres relativement importants et profonds.

Du fait de leur couleur plutôt bleue, ces vaisseaux sont particulièrement sensibles au laser Nd : Yag, ce qui en fait la technique de choix pour ce type de lésions. Il peut également traiter efficacement la composante érythrosique de la rosacée.

Dans les suites, on retrouve toujours rougeurs et croûtelles pendant quelques jours. Il faut compter de 2 à 4 séances pour un résultat satisfaisant.

La Brimonidine 2% gel

Nouveau traitement local de l' érythème modéré à sévère :

  • il s' agit d' un traitement vaso-constricteur sous forme de gel qui permet une diminution de la rougeur dans les formes à type d' érythème modéré à sévère.
  • il permet une diminution significative de la rougeur.
  • il agit au bout de 30 min et son action de prolonge pendant plusieurs heures.
  • une application toutes les 24 heures est recommandée à raison de 1g réparti en 5 petits pois sur le visage.
  • les effets indésirables les plus fréquents sont la rougeur paradoxale, le prurit, les sensations de brûlures, et des flushes avec œdème en périphérie du visage 30 min ou plusieurs heures après l' application. Ces effets secondaires fréquent en limitent la prescription et l' utilisation.
  • il s' adresse aux formes érythrosiques puisqu' il n' y a pas d' action sur les télangiectasies (vaisseaux dilatés visibles).
  • en raison du coût non négligeable, il est conseillé de faire des tests sur de petites surfaces auparavant.

Des traitements spécifiques des formes papulo-pustuleuses

Lorsque qu' il existe des lésions (papules et pustules), il existe des traitements efficaces utilisés dès le diagnostic de cette forme de rosacée posé. Les lésions arrêtent généralement d' évoluer et le plus souvent régressent.

Les moyens thérapeutiques :

La doxycycline, cp ou gél, 50mg, 100mg.

  • c' est un antibiotique de la famille des tétracyclines qui se prend par voie orale.
  • elle est utilisée à la même dose que pour le traitement de l' acné.
  • la posologie habituelle est de 100mg par jour le soir au repas pendant 1 à 3 mois.
  • des doses hebdomadaires minimales sont parfois conseillées sur une plus longue période, surtout en cas de poussées rapprochées.
  • elle n' est pas utilisée pour ces propriétés antibactériennes mais pour sa puissante action anti-inflammatoire sur les couches superficielles de la peau.
  • elle ne doit pas être utilisé en cas d' allergie connue à la classe antibiotique des tétracyclines, ni chez la femme enceinte, ni chez les enfants de moins de 8 ans.
  • ce traitement est contre-indiqué en association avec les rétinoïdes, une autre classe de médicament qui peut-être utilisé dans le traitement de l' acné.
  • c' est un traitement photosensibilisant, limitant son utilisation en période estivale, d' autant que le patient atteint de rosacée présente une gène et une aggravation de sa rosacée par le soleil.
  • un intolérance œsophagique et gastrique rare, à type de brûlure est possible chez certains patients fragilisés.
  • il s' agit d' un traitement de référence, souvent prescrit, et en association avec le metronidazole en topique.

Le métronidazole à 0,75% topique, crème ou gel ou émulsion :

  • il est parfois utilisé à 1% en préparation magistrale.
  • c' est antiparasitaire anciennement connue et efficace dans les formes débutantes d' acné rosacée, souvent associé aux cyclines.
  • il s' utilise en applications biquotidiennes sur plusieurs 2 à 3 mois, en moyenne selon la sévérité et l' ancienneté de la rosacée.
  • ce médicament est contre-indiqué en cas d' antécédents d' allergie au métronidazole ou à l' un des composants de la formulation.
  • il améliore significativement le nombre de pustules et papules et partiellement l' érythème.

L' acide azélaïque à15% topique, crème :

  • ce traitement a une action anti-inflammatoire découverte de façon empirique
  • il s' utilise en applications matin et soir.
  • il est d' une efficacité moindre et est une alternative en cas d' échec au metronidazole.
  • les effets indésirables possibles sont rougeur, brûlures et prurit.

L' adapalène 0,1% gel, crème :

  • il s' agit d' un dérivé rétinoïde utilisé pour l' acné également.
  • il doit être appliqué le soir sur peau propre et sèche afin d' éviter les intolérances à type d' irritations, peu souhaitable sur une peau déjà réactive.
  • l' amélioration peut survenir au bout de 4 à 8 semaines.
  • il reste un traitement difficile à prescrire, en raisons des effets secondaires.

L' ivermectine 10mg, crème :

  • il s' agit d' un nouveau traitement dans les lésions inflammatoires de la rosacée utilisé chez l' adulte.
  • c' est un antiparasitaire bien connu, déjà très utilisé dans sa forme orale pour traiter la gale notamment.
  • il s' applique 1 fois par jour, le soir, en couche mince, en évitant les yeux, les lèvres, et les muqueuses. Il est recommandé de se laver les mains après utilisation.
  • il peut s' associer à d' autres topiques.
  • le traitement est prescrit jusqu' à 4 mois,mais l' absence de réponse à 3 mois nécessite son arrêt d' utilisation.
  • là encore, il est utilisé pour son action anti-inflammatoire, en éradiquant le Demodex ‘'  pro-inflammatoire ‘' .
  • les effets indésirables les plus fréquents sont les sensations de brûlures, l' irritation cutanée, le prurit et la sécheresse cutanée.
  • le traitement est non remboursé et plus onéreux que les autres traitements.

D' autres traitements locaux :

Phosphate de clindamycine, de Tretinoïne, de Peroxyde de benzoyle.

  • habituellement utilisés pour soigner l' acné vulgaire, ils peuvent également se révéler efficaces dans le traitement de l' acné rosacée.
  • ils peuvent constituer des solutions alternatives dans le cas d' intolérance ou d' inefficacité des traitements autres traitements.

L' isotretinoïne à faible dose :

  • votre dermatologue peut être amené à proposer de l' isotretinoine qui a son indication habituelle dans une toute autre indication qu' est l' acné sévère.Il s' agit d' une prescription sous surveillance dermatologique stricte, nécessitant des bilans en raison des effets indésirables tératogènes notamment.
  • il est alors indiqué dans les formes de résistance aux traitements classiques (cyclines+topiques).
  • il est prescrit à 0,25 mg/kg/j à 0,50mg/kg/j pendant quelques semaines puis en doses hebdomadaires en dose filée.
  • la photo-protection est nécessaire.
  • les rougeurs occasionnées par l' isotretinoïne limitent leur emploi sur une peau déjà rouge et réactive.
  • bien que de prescription délicate, il donne de très bons résultats.

Traitement de la rosacée oculaire

Quand l' œil est atteint :

Le traitement des lésions oculaires associées à une rosacée repose sur l' utilisation de larmes artificielles associée à une bonne hygiène des paupières et l' occlusion des points lacrymaux.

Un massage des glandes de Meibomius, pour « exprimer » ces glandes est parfois recommandé car très utile :

  • Appliquer une compresse imbibée d' eau tiède sur la surface des yeux pendant 5 minutes. La chaleur de la compresse va permettre de liquéfier l' huile et donc de faciliter son évacuation.
  • En suivant, appliquer fermement votre majeur de la main droite sur la joue droite et à l' aide de votre index masser votre paupière droite inférieure en effectuant un mouvement de bas en haut. Ceci doit permettre d' extraire l' huile contenu dans la paupière à l' extérieur de celle-ci. Pour faciliter cette extraction, orienter votre regard vers le haut.
  • Ce massage doit être réalisé tout le long de la paupière de façon à nettoyer l' ensemble des 20 à 30 glandes situées sur chaque paupière.
  • Répéter ceci pour la paupière supérieure puis pour l' œil gauche.
  • A la fin du massage, rincer abondamment l' œil avec du sérum physiologique sans conservateurs pour le nettoyer de l' huile extraite des glandes.
  • Pour débuter, il est important de réaliser ce massage deux fois par jour, matin et soir. Après une semaine, les glandes doivent être normalement désobstruées. Deux à trois massages par semaine, espacés de façon régulière, sont alors suffisants. Le rétablissement de la fonction de lubrification induit la disparition de la sécheresse des yeux, puis de l' inflammation des paupières (blépharite) et de la conjonctivite parfois associée. Les yeux tendent alors à devenir moins rouges. Les massages ne sont pas toujours suffisants pour traiter efficacement la rosacée oculaire et il peut être nécessaire de les conjuguer à un traitement.

La doxycycline constitue alors le traitement de référence. Elle est efficace sur la plupart des symptômes de la rosacée oculaire (blépharite, conjonctivite, sécheresse de l' œil).

Des antibiotiques topiques peuvent être indiqués quand les complications cornéennes se produisent : l' acide fusidique sous forme de gel ophtamique, la tétracycline sous forme de collyre, la fluoroquinolone en collyre ou pommade et le métronidazole en gel à 0,75 % : Rozex® (laboratoire Galderma)

La prise en charge des formes oculaires très symptomatiques est du ressort du spécialiste.

Quels traitements pour quelles formes de rosacée ?

Les traitements utilisés par le médecin vont différer en fonction de l' importance des lésions et l' on distingue deux intensités de forme papulo-pustuleuse : l' une dite mineure et l' autre dite profuse.
Il est tout d' abord utile de savoir que les cyclines et les topiques à base de metronidazole sont les seuls traitements remboursés par la sécurité sociale.

  • Dans les formes dites mineures de rosacée, le traitement est avant tout local. Il repose sur l' application d' un des deux traitements topiques en commençant le plus souvent par le métronidazole, l' ivermectine, l' acide azélaïque.
    On reprend le traitement général si les pustules ne sont plus contrôlées par le traitement local seul.
  • Dans une forme de rosacée que les médecins appellent profuse, c' est-à-dire associant une rougeur intense et de nombreuses papulo-pustules (plus de 10 lésions), la doxicycline à la dose de 100 milligrammes par jour est souvent utilisée en 1ère intention pendant 3 mois en association avec un traitement local.
    En pratique, c' est le plus souvent ce second type de traitement qui est utilisé car il est plus efficace et plus rapide à donner des résultats. On débute par l' association des 2 traitements pendant 3 mois, puis on poursuit par le traitement local pour diminuer le nombre des poussées.
  • Dans la forme compliquée à type de pyoderma facial, il faut associer une corticothérapie générale pendant plusieurs semaines à l' isotretinoine (<0,5mg/kg/j) ou la donner quelques jours avnat pour réduire l' inflammation.

La chirurgie ou le laser CO2 pour le rhinophyma

La chirurgie peut-être utile lorsque l' épaississement de la peau du nez est trop importante pour être accessible à un traitement médical. L' excès de peau est alors excisé au bistouri ou par électro-coagulation, ou laser ablatif CO2.
L' intervention a lieu sous anesthésie locale ou générale.

Revoir son médecin

Le suivi du traitement se fait en fonction de l' évolution des signes de la maladie et le plus souvent une consultation a lieu un mois après le début du traitement pour en évaluer l' efficacité.
La consultation a lieu en général après, tous les trois mois.
L' efficacité du traitement est jugée sur la disparition des papulo-pustules, ce qui est très souvent le cas en quelques semaines.
Le traitement local permet d' espacer les poussées, mais souvent, il est nécessaire de reprendre les antibiotiques pendant une courte durée tous les ans.

Conseils

Réduire la rougeur sur peau claire et l' impression de chaleur sont les éléments sur lesquels s' appuient les conseils pour mieux vivre avec sa rosacée. Les traitements pourront évoluer au cours du temps mais dans tous les cas, s' accompagneront toujours de conseils à mettre en application au quotidien.

Se protéger du soleil

La rosacée apparaissant dans un contexte de peau claire, il est très important de se protéger efficacement du soleil. Il est donc nécessaire de toujours utiliser des photoprotections efficaces et de suivre les conseils du dermatologue pour en éviter les effets néfastes.

Règles hygiéno-diététiques

Il faut fuir aliments chauds et épicés, et l' alcool :

  • il faut éviter les aliments et boissons très chauds ainsi que les épices.
  • l' alcool est à proscrire, en particulier si les bouffées vasomotrices sont déclenchées par les boissons alcoolisées.
  • la pratique d' un sport avec efforts physiques intenses, les bains trop chauds, l' exposition à des sources de chaleur, sont déconseillés.

Refroidir les bouffées vasomotrices

S' il n' existe pas de traitement spécifique pour faire disparaître les bouffées vaso-motrices, un petit truc peut parfois aider à passer une de ces phases désagréables : sucer un glaçon, ou consommer une boisson glacée : ce simple geste permet de faire disparaître rapidement les symptômes.

Utiliser un maquillage et des produits cosmétiques adaptés

Les poudres et les fonds de teint gras sont à éviter mais il existe des gammes de fonds de teint médicaux qui sont à la fois couvrants et prévus pour ce type de peau.

En raison du besoin important d' hydratation de la peau, il faut utiliser des dermo-cosmétiques fluides pour qu' ils puissent hydrater sans obturer les pores de la peau.

Il ne faut pas négliger l' intérêt de ces maquillages et cosmétiques masquants (souvent à base de vert) qui peuvent changer la qualité de vie et aider à faire disparaître les conséquences trop visibles de la maladie.

Les malades ont parfois l' impression d' être allergique au produit utilisé localement, d' avoir la peau qui brûle, qui démange avec ce paradoxe que l' impression de peau très sèche et très sensible n' est pas soulagée par des crèmes hydratantes très riches qui, au contraire, augmentent la sensation d' occlusion et les brûlures.

Des produits dermo-cosmétiques spécifiques peuvent ainsi être conseillés par le dermatologue et permettre d' atténuer ces signes désagréables. Certains produits, fabriqués spécialement pour ne pas être trop gras, et ne pas boucher les pores permettent d' ailleurs d' hydrater la peau, mais également de masquer la rougeur.

L' utilisation de savon, d' eau chaude sur le visage sont à proscrire L' utilisation de lotions nettoyantes sans alcool type eau micellaire sont préférables pour la toilette du visage. De même les soins agressifs comme les gommages, ou certains massages de la face ne sont pas conseillés.

Les bonnes questions

Il faut penser à parler à son médecin de la gêne oculaire éventuelle que l' on ressent (les yeux qui brûlent, une impression de sable) et inversement, si le motif de consultation est ophtalmologique, penser à évoquer ses problèmes de peau qui orienteront sans doute le diagnostic du spécialiste.

Les idées fausses


  • Il n' existe pas de lien entre rosacée et acné.
  • Si l' alcool peut aggraver les symptômes de rosacée, il n' en est pas la cause.
  • L' alimentation n' est pas en cause dans l' apparition d' une rosacée.

L’essentiel à retenir

  • la rosacée est une affection fréquente motivant 2 à 3% des consultations et survient plutôt après 45 ans, et prédomine chez la femme.
  • elle se complique parfois de formes sévères (rosacées conjonctivales, formes hypertrophiques (surtout chez l' homme), et le pyoderma facial.
  • l' inconfort psychologique et relationnel, le préjudice esthétique, et la connotation péjorative que confère un visage « rouge, un faciès rubicond » justifie la demande de prise en charge médicale de la maladie.
  • les facteurs d' aggravation sont bien connus,et doivent être évités (exposition au vent au froid, l' alcool, les plats épicés…).
  • les traitements médicaux sont le plus souvent efficaces mais nécessitent souvent un traitement d' entretien ; ils font appel à des topiques (crèmes) mais aussi aux antibiotiques de la famille des cyclines.
  • des traitements physiques (lasers) contribuent parallèlement à effacer les rougeurs affichantes (érythrose et couperose).
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