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COVID-19 et manifestations cutanées

communiqué

Bordeaux, le 19 avril 2020

COVID et manifestations cutanées : le point d’actualité
Données de la littérature et point d’étape du recueil national français

Depuis un mois, les observations isolées de lésions à type d’engelures se multiplient en France et en Italie en particulier, mais sans toujours une documentation précise ou un lien formel avec le COVID. La France via la Société Française de Dermatologie a débuté des recueils documentés de lésions cutanées pouvant être associées au COVID

Le premier point d’étape publié le 15 avril 2020 concerne 113 cas rapportés avec une fiche d’information détaillée, principalement par des dermatologues, mais aussi des généralistes. Actuellement 200 cas sont recensés pour lesquels un rapport d’analyse est prévu d’ici fin avril de même que des données évolutives et sérologiques lorsqu’elles seront disponibles.

  • Les lésions à type d’engelures des doigts ou des orteils sont les plus fréquentes,
  • 84 patients, 36 hommes, 48 femmes, âgés de 9 à 67 ans (moyenne d’âge 30 ans)
  • 17 ont déjà eu des engelures ou un syndrome de Raynaud précédemment et seulement 6 cas, ont été exposés au froid dans les jours précédents.
  • La présentation peut être celle d’engelures banales (lésions roses violacées des extrémités douloureuses ou qui démangent) d’autres sont plus gonflées, voire bulleuses et crouteuses, avec parfois une extension sur le dos des pieds ou des mains.
  • Un peu moins de la moitié de ces patients n’a eu aucun signe associé.
  • Pour les 45 autres, les signes associés étaient non graves (aucune hospitalisation), et dans la majorité des cas, il s’agissait de signes isolés (fatigue et/ou toux le plus souvent, ou fièvre, douleurs musculaires, diarrhée). Un seul patient a présenté une perte de l’odorat. Les engelures survenaient le plus souvent 8 à 15 jours après ces signes qui avaient alors le plus souvent régressé ou étaient en voie de régression.
  • 10 patients rapportaient un contact avec une personne suspecte de COVID dans les 15 jours précédents.
  • On ne dispose pas encore du recul sur l’évolution de ces lésions, mais pour plusieurs patients, l’évolution a été favorable soit spontanément, soit avec application de crèmes cicatrisantes ou à base de corticoïdes. Il faut souligner que la détection du virus (PCR nasopharyngée), réalisée en raison d’autres signes cliniques de COVID chez 32 patients était négative. Les résultats des biopsies et d’autres explorations biologiques effectuées chez certains patients seront analysés secondairement. Il est prévu lorsqu’elle sera disponible et validée, de proposer de réaliser une sérologie SARS-CoV-2 chez ces patients.
  • Au total, ces engelures sont une manifestation inhabituellement fréquente en cette saison, qui amène à s’interroger sur un lien potentiel avec le COVID car elles peuvent faire suite à des signes infectieux, mais pour les cas explorés, l’absence de détection du SARS-CoV-2 dans les prélèvements naso-pharyngés, ne permet pas à ce stade de l’affirmer, ni non plus de l’exclure.
  • Dans l’état actuel des connaissances, il ne s’agit pas d’un signe à proprement parler révélateur ou pouvant être considéré comme synonyme de COVID, les engelures étant une dermatose relativement banale pouvant être observée soit après des expositions au froid, soit après des viroses « banales ». Elles doivent cependant attirer l’attention du clinicien si elles sont ou ont été associées à des signes cliniques ou à un contage suspect de COVID. Les données actuelles ne montrent aucun argument en faveur d’une contagiosité potentielle de ces patients.

Les autres manifestations rapportées dans le recueil français de la SFD sont très variées, survenant soit isolément, soit associés à des signes infectieux, soit encore chez des patients hospitalisés, y compris en réanimation, pour un COVID. Il s’agissait de rougeur du visage, d’urticaires, d’éruptions généralisées, de gonflement du dos des mains…

Peu de manifestations cutanées ont été initialement décrites chez des patients atteints de COVID (0,2% dans une série de 1099 patients chinois. Dans une première série italienne où 88 patients hospitalisés avec un COVID prouvé étaient examinés par des dermatologues, 18 (20,4%) avaient des signes cutanés, à type d’éruption diffuse pour 14, d’urticaire pour 3 et un cas d’éruption à type de varicelle. Cependant la description était peu précise, sans biopsie ni photographie. Très récemment vient d’être publiée une série italienne de 22 adultes confirmés COVID, présentant avec une éruption ressemblant à une varicelle qui survenait 2 à 12 jours après les signes généraux du COVID.

D’autres manifestations dermatologiques sont liées aux mesures barrières appliquées par les soignants dans le contexte épidémique comme rapporté chez 97,5% de 700 soignants chinois. Il s’agit principalement de dermites d’irritation parfois graves ou d’eczéma liées à l’utilisation de solution hydro-alcooliques associées à des lavages très fréquents ou au port des gants, de folliculites du visage, lésion de macération liées au port de masque et des lunettes. Ceci a amené à des recommandations de protection par la Société Française de Dermatologie.


Pr Marie Beylot-Barry
Service de Dermatologie Hôpital Saint André, CHU de Bordeaux
Présidente de la Société Française de Dermatologie.

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