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Attention aux Maladies Sexuellement Transmissibles

communiqué

Le Parisien, N° 24488, Dr Martine PEREZ

Herpès génital, chlamydia, blennorragie, syphilis et VIH continuent de se transmettre lors de rapports non protégés. Mais de nouvelles infections s'y ajoutent. Le point sur la prévention et les traitements.

Le Parisien / istockphoto
Certaines infections ne donnent pas lieu à des symptômes, ce qui impose de multiplier les dépistages… et les précautions entre partenaires sexuels.

L'ÉTÉ APPROCHE, avec le soleil, les vacances, les rencontres amoureuses… Mais aussi les infections sexuellement transmissibles (1ST). Chaque année, selon les chiffres de Santé publique France, près de 270.000 nouveaux cas d'infections à chlamydias sont dépistés, ainsi que 50.000 infections à gonocoque, 3.000 cas de syphilis, 6.000 cas dïnfection à VIH, sans compter les infections liées aux papillomavirus, à l'herpès… Et les cas non dépistés.

270.000
C'est le nombre de nouveaux cas d'infections à chlamydias dépistés chaque année

À cette liste s'ajoutent de nouvelles maladies sexuellement transmissibles qui surgissent à intervalle variable, comme l'an dernier celle due à la variole du singe (monkeypox, en anglais). Par ailleurs, d'autres bactéries, comme le gonocoque, résistent de manière croissante aux antibiotiques en France et plus encore en Asie. Bientôt de nouvelles recommandations sur le front des traitements, quelques progrès sont encourageants, avec des essais prometteurs de vaccination contre ce gonocoque et des stratégies de prévention médicamenteuse après prise de risque.

De nouvelles recommandations françaises sur la prise en charge des IST sous l'égide de la Direction générale de la santé et de la Haute Autmité de santé (HAS) sont en cours d'élaboration. Coordonnées par le docteur Seôastien Fouéré, responsable du centre de pathologie génitale et des IST à l'hôpital Saint-Louis, à Paris, elles seront mises en ligne progressivement dans quelques semaines.

« Les chlamydias, les gonocoques, l'herpès, les papillomavirus et la syphilis sont les infections transmissibles les plus fréquemment rencontrées, mis à part le virus du sida, explique le docteur Philippe Arsac de l'institut Fournier, à Paris. En ce qui concerne les chlamydias, qui donnent peu ou pas de symptômes, tant chez les hommes que les femmes, les recommandations de la HAS suggèrent de faire des dépistages systématiques, réguliers chez les femmes de moins de 25 ans et les hommes de moins de 30 ans. »

L'objectif est de mettre en place un traitement rapide, car cette infection, fréquente chez la femme jeune, est associée à déveloper un risque accru de stérilité ultérieure. Dans chaque département, il existe des centres gratuits d'information, de dépistase et de diagnostic (CeGIDD), ouverts à tous.

L'infection à gonocoque, également appelée blennorragie, gonorrhée ou encore « chaude-pisse », reste très fréquente chez les hétérosexuels et proportionnellement plus encore chez les homosexuels. Elle peut se manifester chez les hommes par une urétrite (infection du canal qui véhicule l'urine) caractéristique. Les femmes elles, ont peu ou pas de symptômes.

En revanche pour les deux sexes, l'infection à gonocoque au niveau de l'anus ou de la gorge est asymptomatique, ce qui favorise la transmission « Des nouveaux tests sont en développement, précise le docteur Fouéré. Ils devraient permettre à partir d'un prélèvement de faire très vite, en quelques dizaines de minutes, le diagnostic d'infection à gonocoque tout en identifiant les mutations génétiques responsables des résistances. Dans un proche avenir, il sera possible, en temps réel de prescrire le traitement adapté. »

À ce jour, la dernière molécule usuelle systématiquement active en France contre le gonocoque est la ceftriaxone, avec un traitement en une fois par injection intramusculaire.

Des résistances aux antibiotiques

Un autre sujet d'inquiétude concerne le mycoplasma genitalium. « C'est un agent infectieux considéré comme pathogène, et! 'infection associée doit être traitée seulement lorsqu'il existe des symptômes, même si les conséquences de cette infection restent mal connues », poursuit le docteur Philippe Arsac. Elle peut se manifester cependant par une urétrite chez l'homme et des pettes vaginales chez la femme. Là encore, les résistances aux antibiotiques commencent à soulever de sérieuses difficultés thérapeutiques.

Enfin, l'appatition de nouvelles IST impose une surveillance épidémiologique régulière. Il y a eu le monkeypox, début mai 2022. « Nous surveillons également d'autres agents pathogènes, connus depuis longtemps mais transmis par voie sexuelle désormais comme Trichophyton mentagrophytes, responsable de plaques rouges sur la région génitale, rapporte Sébastien Fouéré. D'autres bactéries émergent, mais nous n'avons pas encore pris la mesure de leur potentiel épidémique. »

ZOOM SUR…
De nouvelles stratégies de prévention

« LA BASE de la prévention, c'est le préservatif, mais très souvent il est utilisé de manière aléatoire », déplore le docteur Philippe Arsac. Outre le préservatif, d'autres stratégies de prévention ont été développées, la vaccination, le dépistage et le traitement systématique du ou des partenaires, ainsi que la PrEP (pour prophylaxie pré-exposition), l'utilisation de médicaments anti-VIH destinés aux personnes séronégatives.

La vaccination s'est révélée très efficace, contre les papillomavirus, responsables à court terme de vem1es génitales et, à plus long terme, de cancer du col de l'utérus chez les filles et de cancers de la gorge et de l'anus pour les deux sexes. De la même manière, l'an dernier, le vaccin contre le monkeypox (la variole du singe) a contribué à circonscrire les contaminations dans les groupes à risque.

Casser les chaines de contamination

Un vaccin antigonocoque pourrait être disponible dans peu de temps. Il a été démontré que celui contre le méningocoque B avait un effet protecteur contre le gonocoque en réduisant de 40 % le risque d'être infecté. Des firmes pharmaceutiques dévelopent un vaccin spécifique contre le gonocoque, inspiré de celui contre le méningocoque B. Par ailleurs,« quand une personne a une infection sexuellement transmissible, elle ne doit pas faire de l'automédication, et surtout elle doit prévenir son ou ses partenaires. Le dépistage et le traitement des partenaires sexuels doivent être systématiques pour casser les chaines de contamination », avertit le docteur Philippe Arsac.

Avec environ 6 000 nouveaux cas d'infection par le virus du sida par an en France, deux sexes, l'infection à gonocoque la prévention doit continuer à être martelée. Pour les personnes à haut risque, la PrEP, un traitement antiviral préventif. a démontré son efficacité. Sur le même modèle, contre les infections par gonocoque, chlamydias ou syphilis, des chercheurs américains viennent de démontrer, dans un groupe à haut risque, qu'une dose d'antibiotique doxycicline clans les 72 heures suivant un rapport sexuel sans préservatif réduisait de deux tiers le risque de contracter l'une de ces trois infections.

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