Quelles sont les complications possibles ?
- Un risque accru de coups de soleil en raison de la perte de cheveux, qui laisse le cuir chevelu exposé.
- Des irritations oculaires en cas de perte des sourcils et des cils, ces derniers n’assurant plus leur rôle de protection contre la poussière et les autres particules (cils), ainsi que contre la transpiration (sourcils).
- Des éternuements et un écoulement nasal fréquent chez les patients souffrant de la perte des poils du nez, ces derniers perdant leur fonction de barrière protectrice.
- Enfin, un retentissement psychique souvent conséquent, avec un risque de syndrome dépressif et anxieux, une baisse de l’estime de soi, une diminution des activités sociales, et parfois même un impact sur la scolarité de l’enfant.
Quels traitements pour la pelade ?
La prise en charge de la pelade dépend de plusieurs critères. Bien que la pelade ait un fort retentissement psychologique, elle ne met pas la santé physique de la personne atteinte en danger. Cet aspect doit être pris en compte lors de la décision thérapeutique, notamment chez l’enfant et l’adolescent en discutant avec l’enfant et ses parents des bénéfices et des risques des traitements proposés.
En général, la décision est influencée par l’âge du patient, l’étendue de la perte de cheveux et de poils (gravité de l’atteinte), ainsi que la durée de l’évolution de la poussée en cours. Il est également important de garder à l’esprit que l’évolution de la pelade est imprévisible, avec des repousses spontanées fréquentes, mais aussi des rechutes possibles, même après un traitement initialement efficace. De plus, malgré l’existence de nouvelles options thérapeutiques, une efficacité clinique n’est pas toujours obtenue.
Chez le jeune enfant (jusqu’à 6-8 ans), le traitement repose généralement sur l’application de dermocorticoïdes à activité modérée à forte, sous forme de crème ou de lotion à appliquer localement sur la zone atteinte. L’injection de corticoïdes au niveau des lésions n’est généralement pas proposée en raison de la douleur liée à la procédure. Les dermocorticoïdes ont une efficacité d’environ 60 % sur la repousse des cheveux.
La prise de vitamines ou de zinc peut aussi être parfois proposée.
Chez l’enfant plus grand, l’adolescent et l’adulte, les dermocorticoïdes peuvent également être utilisés, notamment dans les formes localisées sous forme de plaques éparses sur le cuir chevelu.
En cas de formes sévères, d’autres traitements peuvent être envisagés13,14 :
- Le minoxidil topique, bien qu’il n'ait pas d'autorisation de mise sur le marché pour cette indication, il est parfois prescrit chez l’adulte avec une bonne tolérance15. Il peut être envisagé en complément d’un autre traitement, notamment pour renforcer la repousse et aider à prévenir les rechutes.
- Des corticoïdes par voie orale ou intraveineuse sur une courte durée (appelés bolus de corticoïdes) peuvent être administrés pour tenter de freiner rapidement l’évolution d’une poussée.
- Des injections intra-lésionnelles de corticoïdes peuvent être proposées chez l’adulte notamment en cas de pelade localisée. Ce traitement permettrait d’obtenir une repousse localisée des cheveux chez environ 60 % des patients. Des effets secondaires sont cependant possibles (amincissement de la peau, dépigmentation etc.).
- En 2024, le ritlécitinib (LITFULO®) 50 mg, pris une fois par jour, a obtenu un remboursement dans les cas de pelade sévère chez les adultes et les adolescents âgés de 12 ans et plus. Ce médicament appartient à la famille des inhibiteurs de JAK, utilisés pour traiter diverses maladies auto-immunes et inflammatoires. L’étude ayant permis sa commercialisation a montré qu’environ la moitié des patients inclus considéraient que leur pelade était « modérément améliorée » ou « grandement améliorée » à la semaine 24. La repousse des cheveux sur plus de 90 % du cuir chevelu (soit un score absolu SALT ≤ 10) a été observée chez 13,4 % des patients traités, contre seulement 1,5 % chez ceux ayant reçu un placebo. Lors du suivi à la semaine 48, la repousse des cheveux sur plus de 90 % du cuir chevelu a été observée chez 31,2 % des patients du groupe ritlécitinib18. Dans la majorité des cas ce traitement est toutefois essentiellement suspensif, avec un risque de rechute à l'arrêt. La tolérance au ritlécitinib semble bonne. Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés sont : diarrhée (9,2 %), acné (6,2 %), infections des voies aériennes supérieures (6,2 %), urticaire (4,6 %), éruption cutanée (3,8 %), folliculite (3,1 %) et sensations vertigineuses (2,3 %). Une surveillance supplémentaire, permettant l’identification rapide de nouvelles informations relatives à la sécurité, est effectuée par l’ANSM. Plusieurs risques potentiels sont ainsi surveillés, tels que le risque d’infections, d’événements thromboemboliques, d’événements indésirables cardiovasculaires majeurs, de tumeurs malignes, de neurotoxicité et de toxicité embryo-foetale après exposition in utero.
- Depuis octobre 2023, un autre traitement ayant une autorisation de mise sur le marché est disponible pour les cas de pelade sévère, mais uniquement chez l’adulte. Il s'agit du Baricitinib (OLUMIANT®). L’efficacité de ce traitement a été évaluée en fonction de la proportion de patients observant une repousse des cheveux sur plus de 80 % du cuir chevelu (soit un score absolu SALT ≤ 20). Après 36 semaines, environ un patient sur trois a atteint cet objectif avec le baricitinib 4 mg (38,8 % dans une première étude et 35,9 % dans une seconde étude pour le groupe baricitinib 4 mg, contre 6,2 % et 3,3 % dans le groupe placebo respectivement pour chaque étude)19. Le baricitinib pour la pelade sévère nécessite une prescription initiale hospitalière par un dermatologue, mais peut être renouvelé en ville par un spécialiste et délivré en pharmacie de ville.
- Dans tous les cas, le port d’une prothèse capillaire (perruque) peut être bénéfique et doit être proposé, notamment dans les formes les plus sévères. Elle améliore significativement la qualité de vie des patients. Il est aussi possible d’envisager le tatouage capillaire et l’utilisation de fibres capillaires pour densifier les cheveux restant en place.
- Enfin, la pelade peut avoir un impact psychologique important. Une prise en charge psychologique, incluant un soutien psychothérapeutique ou une thérapie cognitivo-comportementale, peut être proposée si nécessaire.