Quels examens ?
Un patient qui se plaint de chute de cheveux en dehors de situation normale doit consulter un médecin dermatologue afin d’examiner son cuir chevelu et les cheveux, à l’aide d’un dermatoscope.
Test à la traction
Le dermatologue réalise également le « test à la traction ». Il s'agit d'un examen simple qui consiste à tirer une trentaine de cheveux entre deux doigts. Normalement, seuls un ou deux cheveux doivent se détacher. S'il en vient plus, c'est que la chute est excessive.
Ce test est pratiqué généralement en début de traitement puis 3 à 6 mois plus tard.
Surveillance
La prise de photos standardisées est un autre moyen de surveillance. Les photos sont faites la tête penchée en avant, les cheveux sont séparés par une raie au milieu.
Le patient aura par ailleurs un examen global notamment pour vérifier s’il y a une anomalie de pilosité, s’il y a une acné… l’alopécie pourra alors être scorée.
Les examens paracliniques
Les examens para cliniques à réaliser face à une alopécie dépendent de l’origine retenue par le médecin consulté.
Par exemple, s’il s’agit d’une teigne, il sera mis en place un traitement anti mycosique après prélèvement mycologique.
Une alopécie androgénétique ne nécessite habituellement pas d’examen.
Trichogramme
Certains centres plus spécialisés peuvent proposer un suivi par trichogramme qui est plus objectif. Il consiste à arracher quelques cheveux dans deux ou trois localisations stratégiques du cuir chevelu. Cela permet d'examiner la racine des cheveux prélevés et d'en mesurer le diamètre, de quantifier l'importance de la chute, d'affirmer le caractère pathologique ou non de cette calvitie et de porter un diagnostic dans les cas difficiles. Il est possible également de prédire si la chute à venir dans les 3 prochains mois sera importante ou non.
Diagnosctic différentiel chez la femme
Chez la femme il est aussi classique d’éliminer une maladie thyroidienne ou une carence en fer et parfois en vitamines et Zinc.
Les traitements
Le traitement sera adapté à l’étiologie (cause) de l’alopécie. L'arsenal thérapeutique dont dispose ensuite le dermatologue, allant des traitements médicaux aux greffes capilllaires, est suffisamment vaste pour apporter une réponse satisfaisante à la grande majorité des alopécies
Pour l’alopécie androgénétique masculine
Deux traitements sont proposés.
Un traitement local par minoxidil et/ou un traitement général par finastéride. Ces traitements sont utilisés sur du long terme : ils fonctionnent quand on les utilise et ne fonctionne plus quand on les arrête.
Le minoxidil
Le minoxidil est utilisé chez l'homme sous forme de lotion ou de mousse à 5%. On en applique un millilitre matin et soir. Ce traitement, non remboursé par la Sécurité sociale (environ 10 euros par mois), permet des repousses dans un tiers des cas, une stabilisation avec arrêt de la chute dans un tiers de cas. Dans le tiers restant, le traitement n'est pas très actif.
Un résultat en quelques mois
Il faut au minimum 3 à 4 mois d'application avant de pouvoir se prononcer sur l'efficacité du traitement. Il est possible d'assister à une perte de cheveux modérée pendant les 4 à 6 premières semaines de traitement. Ceci correspond à l'élimination des cheveux déjà morts qui sont remplacés par ceux qui repoussent, plus sains et plus épais. L'application bi-quotidienne est contraignante et la motivation du patient est primordiale. Il faut utiliser ce traitement tant que l'on est motivé pour garder ses cheveux. À l’arrêt, la chute reprend son cours
Le finastéride
Le finastéride est administré sous la forme d'un comprimé dosé à un milligramme par jour. Ceci représente un coût d'environ 15 euros par mois depuis l’arrivée des génériques (contre 50 auparavant), qui ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale. Dans 80% des cas, le traitement permet un maintien de la chevelure, et dans 40% des cas, on peut même obtenir une petite repousse des cheveux.
Juger au troisième mois de traitement
L'efficacité du finastéride sur la chute des cheveux sera évaluée après 3 mois de traitement et son action sur la repousse à la fin du sixième mois. L'efficacité est maximale au bout d'un an de prise quotidienne. Elle s'interrompt si le traitement est arrêté. Il faut donc le poursuivre aussi longtemps que la calvitie reste un problème.
Effets indésirables
Certains patients disent avoir des effets secondaires pendant le traitement et qui se poursuivent après l’arrêt du traitement. C’est le concept récent du « syndrome post finastéride » Qu’en est il ? On ne sait pas bien si le finastéride est en relation directe avec ces plaintes mais par principe de précaution, et avant de conclure,
En février 2019, l’ANSM (réf. 1) a alerté les patients et les professionnels de santé sur les risques de troubles psychiatriques (anxiété, changements de l'humeur, notamment humeur dépressive, dépression et moins fréquemment des pensées suicidaires) et de la fonction sexuelle (dysfonction érectile, de troubles de l'éjaculation et d’une diminution de la libido lors d’un traitement par finastéride ainsi que de la conduite à tenir en cas de survenue de ces effets indésirables.
- Pour les troubles psychiatriques, le finastéride doit être interrompu immédiatement suivi d’une consultation.
- Pour les troubles sexuels, dans 1 à 2% des cas, le désir sexuel peut diminuer et parfois s'accompagner d'une diminution de l'érection. Ces effets secondaires sont réversibles 2 fois sur trois, même si le traitement est poursuivi. Mais une fois sur trois, elles nécessitent l'arrêt du finastéride pour obtenir un retour à la normale dans les 15 jours, ce qui correspond au temps d'élimination du produit. Ce type d'effets secondaires concerne habituellement des sujets de plus de 40 ans.
Exceptionnellement, peuvent survenir des douleurs de la glande mammaire parfois associées à un gonflement de la poitrine.
Les allergies sont très rares.
De fait, on évitera la prescription de finastéride chez un patient ayant au préalable des soucis dans leur vie sexuelle ou à tendance anxio-dépressive.
Interdit chez la femme
Ce médicament est interdit chez la femme, car il est à la fois inefficace et responsable d'anomalies de formation du fœtus en cas de grossesse. C'est pour cela, également, que les hommes traités par ce médicament ne doivent pas donner leur sang, qui pourrait alors être transfusé à une femme enceinte.
Pas pour les sportifs professionnels
Ce traitement fait partie des produits masquants pour les sportifs qui voudraient se doper aux anabolisants. Il est donc strictement interdit pour les sportifs de haut niveau participant à des compétitions officielles. Il faut savoir que ce produit reste dans le sang pendant 15 jours et qu'il est détectable dans le cadre du dépistage du dopage.
Quel que soit le traitement médicamenteux choisi, il est conseillé de revoir le dermatologue au bout de trois mois pour faire une première estimation de l'efficacité du traitement. Ensuite, une fois tous les six mois, puis tous les ans suffit.
La chirurgie au service de la calvitie
Les microgreffes sont à réserver aux calvities stabilisées. Il faudra les éviter chez les patients trop jeunes dont la calvitie est encore évolutive. Le chirurgien anesthésie une zone horizontale au niveau de la nuque, pour découper une petite bandelette de cuir chevelu horizontale à l'arrière du crâne entre les deux oreilles. L'épaisseur du prélèvement est de quelques millimètres pour être sûr de bien prélever les racines des cheveux. La zone prélevée est recousue avec un surjet ou des agrafes et la bandelette obtenue est ensuite découpée en tout petits fragments qui comprennent de 1 à 5 cheveux.
Savez-vous planter les cheveux ?
Ces petits greffons avec cheveux et racines sont insérés dans des fentes qui sont réalisées par le chirurgien au niveau des zones de calvitie. Les cheveux qui sont transférés gardent leur mémoire génétique. Or, à l'arrière du crâne, les cheveux sont programmés pour persister toute la vie. Une fois installés sur le haut de la tête, ils vont vivre leur vie de cheveux : ils poussent, tombent, repoussent, retombent et ainsi de suite. Il est évidemment possible de les couper quand ils poussent. Ce sont des cheveux réellement vivants. Les techniques actuelles permettent d'obtenir un aspect naturel : finis les champs de poireaux disgracieux, que l'on pouvait voir lors des balbutiements de cette chirurgie !
Savoir attendre
Il faut éviter de faire des greffes de cheveux trop tôt lors de l'évolution de l'alopécie androgénétique. C'est exceptionnel de le faire avant 25 ans et le chirurgien doit être capable d'estimer jusqu'où doit évoluer la calvitie pour établir un plan de traitement raisonnable. On est souvent obligé de refaire des greffes une dizaine d'années après la première chirurgie pour compléter la calvitie qui s'est étendue. Par ailleurs, il est hautement préférable d'associer un traitement médical à la chirurgie, dans le but de protéger et de maintenir tous les cheveux qui sont autour de ceux qui ont été greffés.
Pour l’alopécie androgénétique féminine
Pour l’alopécie androgénétique féminine, les médicaments anti androgènes ne sont pas toujours efficaces. Ils sont essentiellement indiqués lorsque l’alopécie est associée à des cheveux gras, à de l'acné, à une pilosité trop importante (poils au menton, de la moustache, entre les seins ou autour du nombril), ou encore à des règles irrégulières, cela signifie qu'il existe une sensibilité hormonale excessive. Autrefois il était proposé un traitement antiandrogène basé sur la prescription d'acétate de cyprotérone. La réglementation interdit désormais l’utilisation de l’acétate de cyprotérone en dehors de son indication, à savoir hirsutisme avec anomalie biologique, en raison du risque de tumeur cérébrale (méningiome). Il reste l’acétate de cyprotérone dans la pilule ou d’autre contraception utilisant le norgestimate et plus récemment le dienogest. Ces molécules sont clairement moins efficaces. Aux états unis, il est classique d’avoir une prescription par spironolactone, un anti hypertenseur ayant des propriétés anti androgéniques. Cette indication est en France hors autorisation de mise sur le marché (HAMM) et sous la responsabilité du prescripteur.
Le minoxidil en lotion est alors le traitement de référence. Soit 1 ml à 2% deux fois par jour soit plus pratique le 5% à une fois par jour. Pour améliorer l'aspect des cheveux en attendant que le traitement fasse effet, il faut éviter la coiffure avec la raie au milieu. On peut se coiffer plutôt en arrière que sur les côtés en les retenant avec une pince sur le sommet de la tête (sans tirer sur les racines bien sûr). Il existe des poudres camouflantes que l'on peut saupoudrer sur le cuir chevelu et qui partent au lavage.
Les compléments alimentaires
Ils sont principalement indiqués lors de carence ou de façon saisonnière.
Apporter du fer
En cas de carence en fer, il est utile de compléter l'alimentation avec des aliments riches en fer. On en trouve particulièrement dans la viande, surtout sous forme d'abats comme le cœur, le foie… et aussi dans le jaune d'œuf. S'il est vrai que certains légumes comme les lentilles, les haricots verts, la salade et les épinards sont une bonne source de fer, il faut savoir que l'absorption en est moins importante.
Les compléments capillaires
En plus des traitements médicaux, il est possible d'utiliser des compléments capillaires, (perruques complètes, volumateurs ou compléments partiels). Les compléments partiels sont fabriqués sur mesure, ils peuvent être collés sur des zones de crâne chauve, ou fixés à l'aide de petits peignes ou de microclips. Cela permet de donner un aspect tout à fait naturel dans le cadre de calvities étendues.
Et les autres « traitements novateurs »
Le laser, le plasma riche en plaquettes… n’ont pas démontré suffisamment d’efficacité pour qu’on puisse les recommander actuellement.
La prise en charge
La prise en charge de l’alopécie dépend du dermatologue qui reste le spécialiste du cheveu et du cuir chevelu, et non d’instituts qui peuvent recommander sans expertise clinique, des produits parfois très chers et qui ne fonctionnent pas bien.