L’exposition aux rayons ultraviolets (UV) du soleil
L'exposition aux UV du soleil est un facteur de risque majeur de développement des carcinomes cutanés. Les UV du soleil sont capables de provoquer des anomalies au niveau du noyau des kératinocytes, les cellules de l'épiderme, et de leur ADN, entraînant des mutations génétiques pouvant aboutir à la cancérisation de la cellule, d’autant plus qu’avec le vieillissement, l’organisme répare moins bien ces lésions.
Les personnes ayant le plus de risque d'être atteintes par ce type de cancer ont la peau claire, les yeux et les cheveux clairs, des difficultés à bronzer et prennent facilement des coups de soleil.
Les carcinomes épidermoïdes cutanés sont plus volontiers liés à l’exposition solaire chronique et prolongée tout au long de la vie, ce qui explique leur plus grande fréquence dans un certain nombre de professions dites exposées (agriculteurs, sujets travaillant sur les routes, marins, moniteurs de sport…).
Les carcinomes basocellulaires, en revanche, se développent plus volontiers chez des sujets ayant eu des expositions solaires intermittentes, et plutôt dans l'enfance.
Vu l’importance de l’exposition solaire dans l’apparition des deux types de carcinomes cutanés, il apparaît clairement que les populations à risque sont celles à peau claire, et que la protection solaire constitue le meilleur moyen de prévention.
Les cabines de bronzage
Les études épidémiologiques, bien que discordantes, montrent une tendance à l'augmentation du risque de carcinomes cutanés chez les personnes utilisant précocement, dans la vie, et régulièrement ensuite, des cabines de bronzage. Les autorités sanitaires de très nombreux pays déconseillent très fortement l’usage de ces cabines. Pour en limiter les méfaits, un encadrement strict (formation spécifique des esthéticiennes, interdiction d’utilisation avant 18 ans, affichage des médicaments photosensibilisants dans les salles d’attente…) a été mis en place depuis quelques années..
Un déficit immunitaire
Les personnes dont le système immunitaire est affaibli, comme celles atteintes d’un cancer, d’une infection par le VIH, ou les personnes greffées sous traitement immunosuppresseur au long cours, sont plus à risque de développer un carcinome cutané. Elles sont également plus susceptibles de présenter une forme plus invasive. Chez ces patients, une prévention solaire renforcée et un suivi dermatologique rapproché sont nécessaires.
Des facteurs génétiques
Plusieurs maladies héréditaires augmentent le risque de survenue de carcinome cutané. Par exemple, les personnes atteintes de xéroderma pigmentosum présentent un risque accru de développer un carcinome cutané en raison de l'altération de leur capacité à réparer les dommages causés par les UV sur leur ADN, tout comme celles atteintes d'albinisme oculocutané, qui présentent une photosensibilité plus importante.
D'autres syndromes génétiques, tels que le syndrome de Gorlin (lié à une mutation du gène PTCH1), le syndrome de Bazex-Dupré-Christol (mutation du gène ACTRT1) et le syndrome de Muir-Torre, favorisent spécifiquement la survenue de carcinomes basocellulaires. Dans ces cas, les tumeurs sont généralement plus nombreuses et apparaissent plus précocement que dans la population générale.
Des facteurs chimiques et physiques.
Les expositions environnementales à des substances telles que l’arsenic et le goudron de houille favorisent le développement des deux types de carcinomes cutanés. La radiothérapie, lorsqu’elle est administrée à faibles doses, peut provoquer l’apparition de carcinomes basocellulaires après un délai de 20 à 25 ans. En revanche, à fortes doses, elle peut entraîner des carcinomes épidermoïdes cutanés sur des zones déjà fragilisées par une radiodermite.
Le papillomavirus humain
Le papillomavirus humain (HPV) pourrait jouer un rôle dans le développement des carcinomes épidermoïdes de la peau, principalement chez les personnes immunodéprimées. Depuis plusieurs années, on sait que certains types de HPV, appelés α-HPV (notamment les types 16, 18, 5 et 8), augmentent le risque de cancers au niveau des muqueuses anogénitales et de l’oropharynx (la gorge). Un autre groupe de HPV, les β-HPV, est fréquemment retrouvé au sein des CEC chez les personnes immunodéprimées, en particulier chez les patients ayant reçu une greffe d’organe. Leur rôle exact dans la formation de ces cancers n’est pas encore complètement compris.
Les vaccins actuels contre le HPV ciblent surtout les types α-HPV à haut risque, et on ne sait pas encore clairement s’ils protègent aussi contre les types β-HPV. De nouveaux vaccins, spécialement conçus pour cibler les β-HPV, sont en développement et pourraient à l’avenir aider à prévenir ce type de cancer de la peau.
Certains médicaments
Certains médicaments augmentent le risque de développer un carcinome cutané. Par exemple, les inhibiteurs de BRAF utilisés dans la prise en charge du mélanome augmentent le risque de CEC lorsqu’ils sont pris en monothérapie. C’est aussi le cas de certains immunosuppresseurs.
Le tabac
Le tabac est un facteur important favorisant l'apparition de carcinomes épidermoïdes cutanés de la lèvre. Son rôle dans les autres types de carcinomes cutanés n’est pas connu.
Certaines maladies de peau chroniques
Plusieurs maladies de peau chroniques, ainsi que les plaies cutanées persistantes comme les ulcères de jambe ou les cicatrices de brûlure, peuvent constituer un terrain favorable au développement de carcinomes épidermoïdes cutanés.
Quels examens
La dermoscopie
Le diagnostic de carcinome cutané repose sur un examen clinique approfondi, aidé de la dermoscopie (une sorte de loupe médicale) qui permet de poser le diagnostic de carcinome, et parfois d’orienter vers son sous-type histologique. Le diagnostic sera ensuite confirmé par l’analyse de la tumeur au microscope.
D’autres techniques non invasives, comme la microscopie confocale à réflexion in vivo (RCM) et la tomographie par cohérence optique (OCT), peuvent être utilisées dans certains cas, mais ne sont pas recommandées ni disponibles en routine à ce jour.
La biopsie
Un prélèvement de la lésion, appelé biopsie, est envoyé à un laboratoire spécialisé. Là, il est préparé puis examiné au microscope pour déterminer précisément le type de tumeur : un carcinome basocellulaire ou un carcinome épidermoïde de la peau.
Il existe en effet plusieurs types de carcinomes basocellulaires et épidermoïdes cutanés, pour lesquels le traitement ne sera pas nécessairement le même. En général, le délai entre la réalisation de la biopsie et l’obtention des résultats est de l’ordre de quelques jours à quelques semaines.
Dans le cas d’une lésion de petite taille, la biopsie peut permettre d’enlever entièrement la lésion ainsi qu’une marge suffisante de peau saine autour. Le prélèvement permet alors à la fois de confirmer le diagnostic et de traiter la lésion.
Le bilan d' extension
En cas de carcinome basocellulaire, il n’y a pas de bilan particulier à prévoir, dans la mesure où ce type de carcinome a une évolution purement locorégionale. Il convient donc seulement d’évaluer au mieux l’extension de la lésion, en surface et en profondeur, afin d’apprécier l’importance de l’acte chirurgical à réaliser. Seules les formes avancées nécessiteront une imagerie par IRM pour préciser l’extension de la lésion
En cas de carcinome épidermoïde cutané, il est nécessaire d’analyser les ganglions lymphatiques de drainage. Le médecin recherche donc une éventuelle atteinte de ces ganglions en pratiquant un examen clinique approfondi, éventuellement complété par une échographie. Le recours à d’autres examens ne se justifie que s’il existe une suspicion clinique d’atteinte d’un organe à distance ou la encore une IRM dans les formes avancées.