Le carcinome épidermoïde cutané (anciennement dénommés spinocellulaires)
Il existe différentes formes de carcinomes épidermoïdes cutanés.
La forme la plus superficielle est appelée carcinome in situ, également connue sous le nom de maladie de Bowen. À ce stade, les cellules cancéreuses sont limitées à la couche supérieure de la peau.
Lorsque le carcinome progresse, il peut devenir invasif, c’est-à-dire que les cellules cancéreuses pénètrent plus profondément dans les tissus cutanés.
Parmi les formes invasives, on parle de carcinomes épidermoïdes cutanés avancés dans deux situations :
- lorsque la tumeur ne peut pas être retirée par chirurgie ni traitée efficacement par radiothérapie (on parle alors de CEC localement avancé) ;
- ou lorsque le cancer s’est propagé à d’autres parties du corps, comme les ganglions lymphatiques ou des organes plus éloignés (on parle alors de CEC métastatique).
Les carcinomes épidermoïdes cutanés sont approximativement 4 fois moins fréquents que les carcinomes basocellulaires. La majorité d’entre eux (80 à 90 %) sont localisés au niveau de la tête et du cou. Les taux augmentent avec l’âge et le sexe masculin, bien que plus récemment une forte augmentation des cas chez les femmes et les personnes de moins de 40 ans ait été observée.
Le CEC est une tumeur capable d' engendrer des métastases dans les ganglions ou dans des organes à distance. La majorité des CEC présentent un très bon pronostic, avec des taux de guérison à 5 ans supérieurs à 90 %. Le taux de métastases varie entre 2 % et 5 %, selon les études. Ce taux est plus élevé, de l'ordre de 20%, lorsque le CEC s' est développé sur une muqueuse, par exemple au niveau des lèvres ou des organes génitaux.
La présentation clinique :
Le CEC survient le plus souvent sur des zones régulièrement exposées au soleil (tête, cou, extrémités supérieures, dos des mains).
Il se présente généralement sous la forme d'une plaque ou d'une papule de couleur chair, parfois surmontée de squames. Il peut croître, s’ulcérer et former des croûtes, avec souvent une induration perceptible à la palpation.
Certaines formes sont pigmentées, allant du brun clair au brun foncé. Les formes peu différenciées peuvent ressembler à des tumeurs rouges charnues, souvent ulcérées, ce qui rend le diagnostic différentiel avec d'autres cancers cutanés plus difficile.
Le CEC est souvent peu symptomatique. Une douleur à la pression peut parfois être présente, ou d'autres signes gênants s’il s'étend aux tissus voisins dans les formes plus avancées.
Les facteurs de mauvais pronostic :
Certains facteurs augmentent le risque que les cellules cancéreuses du CEC se propagent à d’autres parties du corps, comme un diamètre tumoral supérieur ou égal à 2 cm, ainsi que certains éléments observés au microscope après le retrait de la tumeur.
Parmi eux, on retrouve l’épaisseur de la tumeur (indice de Breslow) dont le pronostic est moins favorable lorsqu’elle dépasse 6 mm, la présence de cellules tumorales autour des petits nerfs de la peau (engainement perinerveux), un envahissement au-delà du tissu sous-cutané, ainsi que certains sous-types histologiques (formes dites desmoplasiques, métaplasiques, acantholytiques ou adénosquameuses) où les cellules tumorales sont très différentes des cellules normales (haut niveau d’indifférenciation cellulaire).
De plus, les personnes dont le système immunitaire est affaibli, comme les patients greffés, sont plus à risque de développer une forme grave de CEC. L’identification de ces éléments est essentielle pour adapter le traitement et le suivi des patients atteints de CEC.
info Une forme particulière : le kératoacanthome
Le kératoacanthome est une forme particulière de CEC bien différencié, présentant un comportement clinique spécifique : une croissance rapide en quelques jours à quelques semaines, mais il peut parfois régresser spontanément par la suite.
Cliniquement, il se manifeste sous la forme d’un nodule en dôme, siégeant sur les zones photo-exposées. Il peut atteindre une taille importante sans pour autant constituer un facteur de mauvais pronostic, à condition que ses caractéristiques typiques soient bien reconnues à l’examen clinique et à l’analyse au microscope.
Le carcinome basocellulaire
Les carcinomes basocellulaires sont les cancers cutanés les plus fréquents. On estime qu' il y a environ chaque année environ 70.000 cas pour l' ensemble de la population française.
Il existe plusieurs forme de carcinomes basocellulaires : superficiel, nodulaire (le plus fréquent), le CBC infiltrant, le CBC sclérodermiforme (plus à risque de récidive) et le CBC avancé.
La présentation clinique :
Le carcinome basocellulaire superficiel se présente sous la forme d’une plaque rougeâtre ou rosée, bien délimitée et légèrement squameuse qui siège le plus fréquemment sur le tronc ou les membres. Cette forme évolue lentement.
Le carcinome basocellulaire nodulaire est la forme la plus fréquente. Il se manifeste typiquement par une petite masse ferme, ronde ou ovale, de couleur rosée ou translucide, aux bords perlés. On observe souvent à sa surface de petits vaisseaux sanguins visibles, dits arborescents en raison de leur disposition évoquant les branches d’un arbre.
Le carcinome basocellulaire infiltrant ne présente pas de signes cliniques particuliers, il ne peut être identifié qu’au microscope, après analyse de lésion.
Une autre forme, appelée carcinome basocellulaire sclérodermiforme, est plus rare mais aussi plus agressive. Elle se présente comme une plaque ou une zone légèrement déprimée, de couleur chair ou blanchâtre, mal délimitée, parfois à l’aspect cicatriciel. Cette forme peut s’étendre en profondeur de manière insidieuse, rendant sa prise en charge plus complexe.
Enfin, certains carcinomes basocellulaires sont dits pigmentés car ils contiennent de la mélanine, ce qui leur donne une couleur brunâtre à noire.
Les facteurs de mauvais pronostic :
Le pronostic du carcinome basocellulaire dépend principalement de son risque de récidive et de sa capacité à détruire les tissus localement.
Il s’agit d’un cancer de la peau qui se propage très rarement à distance, avec un risque de métastase inférieure à 1 %.
Le risque de récidive varie selon plusieurs facteurs, notamment la localisation de la tumeur — les zones à plus haut risque se situent sur le visage, en particulier au niveau du nez, des paupières et des oreilles —, le type de cellules tumorales observé au microscope, la présence d’une atteinte des petits nerfs à proximité de la tumeur, un affaiblissement du système immunitaire, ou encore lorsqu’il s’agit d’un carcinome récidivant après traitement.
info Toujours y penser
La possibilité d’une tumeur de type carcinome cutané doit être évoquée devant toute lésion cutanée chronique ayant récemment augmenté de taille, s’ulcérant ou saignant légèrement. Cette lésion peut apparaître sur une peau jusque-là saine ou sur une zone présentant déjà des anomalies connues (radiodermite, ulcération, cicatrice de brûlure…). Toute lésion de ce type justifie une consultation médicale, afin de permettre un examen clinique, généralement suivi d’un prélèvement par biopsie cutanée (voir le chapitre et la vidéo sur la biopsie cutanée), qui viendra confirmer ou infirmer le diagnostic.