II. Les causes
1. Les infections de la peau et des muqueuses à candida
Ces infections sont liées à la contamination de la peau par un champignon microscopique appelé Candida, (famille des levures) dont l'espèce Candida albicans est responsable de la plupart des manifestations pathologiques chez l'humain. Le Candida n'est jamais retrouvé à l'état normal sur la peau, en revanche il est présent à l'état normal au niveau du tube digestif, et des muqueuses génitales chez la femme.
Les candidoses (= infections de la peau à Candida) sont des maladies dites opportunistes, c'est-à-dire qu'elles sont liées à un micro-organisme normalement non agressif pour l'homme, mais qui le devient sous l'effet de facteurs favorisants.
Les facteurs favorisants locaux sont principalement l’humidité et la macération (liées à des contacts prolongés avec l’eau, la transpiration, le port de vêtements serrés ou de couches chez le nourrisson), un pH cutané acide, ou encore des irritations chroniques (prothèses dentaires, radiothérapie, frictions répétées). Une hygiène insuffisante ou au contraire excessive peut également fragiliser la barrière cutanée et favoriser la prolifération du champignon.
Les facteurs favorisants généraux incluent certaines maladies ou traitements :
- Le diabète, qui modifie la composition du sébum et favorise la croissance fongique.
- Les déficits immunitaires, qu’ils soient acquis (infection par le VIH, traitements immunosuppresseurs) ou d’origine génétique.
- La prise de certains médicaments : antibiotiques à large spectre (qui détruisent la flore bactérienne protectrice), contraceptifs oraux œstro-progestatifs, corticoïdes ou immunosuppresseurs.
2. Les infections de la peau à dermatophytes
Les dermatophytes sont des champignons microscopiques filamenteux appartenant à 3 genres : Trichophyton, Microsporum et Epidermophyton. Leur présence au niveau de la peau, des ongles ou des cheveux est toujours anormale, car ils ne font pas partie du microbiome cutané (micro-organismes présents à l'état normal sur la peau). On ne les retrouve jamais sur les muqueuses. Les dermatophytes ont de l'affinité pour la kératine qui est un composant de la couche cornée de l'épiderme, des ongles, des poils et des cheveux.
On distingue les dermatophytes à caractère anthropophile qui sont responsables de contaminations interhumaines, ceux qui sont zoophiles et que l'on peut contracter d'un animal colonisé ou infecté, et les géophiles dont le réservoir est la terre mais dont l'animal est souvent le vecteur. Cette distinction est importante car une infection par un dermatophyte zoophile nécessite la prise en charge thérapeutique de l'animal atteint si l'on veut éliminer une recontamination. En cas d'infection géophile, il faut éviter tout contact avec le sol incriminé ou avec les animaux qui le fréquentent.
Pour les dermatophytes anthropophiles, la contagion est soit directe par contact avec un individu infecté, soit indirecte par l'intermédiaire de particules (squames ou petits débris de peau) présentes dans les vêtements, les chaussures, les brosses mais aussi sur les tapis de sport et le sol des douches, des piscines et des vestiaires collectifs. Elle est favorisée par l'humidité, la chaleur et la macération (contacts répétés avec l'eau, chaussures fermées ou de sécurité, séchage insuffisant).
Pour les dermatophytes zoophiles, la transmission se fait par contact avec des poils ou des squames contaminés, et une adhérence des champignons dermatophytes à la couche cornée superficielle de la peau, la transmission est favorisée par une altération de la peau souvent très minime voire invisible (petite cassure ou brèche, traumatique ou non).
3. Les mycoses de la peau à Malassezia (pityriasis versicolor)
Il s'agit d'une infection dite « opportuniste », développée de par la multiplication anormale de levures habituellement présentes sur la peau, sous l'action de facteurs favorisants.
Le passage de la simple colonisation à l’infection clinique survient sous l’influence de divers facteurs favorisants :
- Une peau grasse (hyperséborrhée) ou une transpiration excessive (hyperhidrose) ;
- Un climat chaud et humide, qui favorise la prolifération fongique ;
- L’usage répété de cosmétiques gras ou d’huiles corporelles ;
- Une immunodépression (infection par le VIH, traitements immunosuppresseurs) ;
- Une malnutrition ;
- La prise prolongée de corticoïdes ;
- Et, dans certains cas, une prédisposition génétique familiale.
L’affection touche le plus souvent les adolescents et les jeunes adultes, période de la vie où l’activité des glandes sébacées est maximale.
III. Quels examens ?
1. La Candidose
Le diagnostic de candidose est le plus souvent clinique, c’est-à-dire établi lors de l’examen de la peau ou des muqueuses par le médecin. L’aspect typique des lésions permet généralement de poser le diagnostic sans examen complémentaire.
Cependant, un diagnostic mycologique (analyse de laboratoire) est nécessaire dans certaines situations :
- Lorsque les lésions présentent un aspect atypique ou douteux ;
- En cas de récidives fréquentes ;
- Lorsque les lésions résistent à un traitement antifongique approprié ;
- Ou chez les patients immunodéprimés, chez lesquels la dissémination est possible.
Le prélèvement est effectué à l’aide d’un écouvillon stérile (grand coton-tige), frotté sur la zone suspecte. Il doit être envoyé à un laboratoire spécialisé en mycologie médicale.
Le laboratoire procède à un examen direct au microscope (permettant de visualiser les levures ou les filaments de Candida) et à une culture sur milieu spécifique, afin d’identifier précisément l’espèce en cause et d’évaluer sa sensibilité aux antifongiques.
2. Dermatophytoses
L’examen mycologique n’est pas nécessaire pour les intertrigos inter orteils ou de l'aine classiques.
En revanche, le diagnostic de teigne du cuir chevelu doit être impérativement confirmé par un prélèvement et un examen mycologique au laboratoire.
Le recours au prélèvement mycologique est justifié non seulement pour confirmer le diagnostic, mais aussi pour orienter la prise en charge épidémiologique : identifier la source de contamination (humaine, animale ou environnementale), prévenir la diffusion à l’entourage, et ajuster la durée du traitement selon le champignon isolé.
Le prélèvement doit être réalisé avant tout traitement antifongique et à distance d’un traitement antérieur (au moins un mois après l’arrêt), afin d’éviter les faux négatifs.
L’analyse comprend deux temps :
- Un examen direct au microscope, qui peut donner un résultat en quelques heures et montre la présence de filaments mycéliens ou de spores ;
- Une culture, dont les résultats sont obtenus en deux à quatre semaines. Elle permet d’identifier le genre et l’espèce du dermatophyte, ainsi que de déterminer son origine (anthropophile, zoophile ou géophile).