I. Qu'est-ce que c'est ?

1. Les infections de la peau et des muqueuses à candida

Les candidoses sont dues à des levures du genre Candida, le plus souvent Candida albicans. Elles peuvent toucher la bouche, les muqueuses génitales ou les plis cutanés.

Les candidoses de la bouche

Il peut s'agir de :

  • Perlèche : cela correspond à une inflammation des commissures labiales (coins des lèvres), unilatérale ou bilatérale, avec une fissure rouge, macérée et douloureuse.
  • D’atteinte, aiguë ou chronique, de la langue et de la muqueuse buccale (gencives et palais) avec une muqueuse rouge, lisse, dépapillée, brillante et douloureuse. Une sécheresse de la bouche est alors fréquente, avec sensation de cuisson et parfois d'un goût métallique dans la bouche.
  • Du muguet buccal qui se présente sous forme de plaques rouges à l’intérieur des joues, recouvertes d’un enduit blanchâtre qui se détache facilement au raclage. 

Toutes ces anomalies peuvent être isolées ou associées.

1.1. Les candidoses génitales féminines

Les candidoses génitales touchent la vulve et le vagin. Elles sont fréquentes avant 50 ans, particulièrement courantes pendant la grossesse et plus rares après la ménopause. Les lésions sont classiquement rouges avec une muqueuse gonflée, recouverte d’un enduit blanchâtre, et des pertes blanc jaunâtre souvent abondantes, qui stagnent dans les plis de la muqueuse vulvo-vaginale.

Les démangeaisons sont souvent intenses, avec des douleurs pendant les rapports sexuels. Il peut y avoir une extension aux plis des cuisses et au pli fessier. Parfois la gêne ressentie est beaucoup plus discrète. La maladie évolue le plus souvent par épisodes aigus, mais des formes chroniques ou récidivantes sont possibles. La transmission sexuelle reste discutée. Chez l’enfant, la contamination peut résulter de l’extension d’une atteinte de la région anale ou fessière. 

1.2. Les candidoses génitales masculines

Elles sont plus rares et souvent peu symptomatiques, sauf en présence de facteurs favorisants tels qu’un diabète ou une immunodépression. Elles se manifestent par des rougeurs, parfois des érosions ou de petites pustules, accompagnées de démangeaisons, de picotements ou d’une gêne après les rapports sexuels. La contamination peut être d’origine digestive ou sexuelle. 

1.3. Les candidoses des plis (intertrigo candidosique)

Elles concernent principalement les plis inguinaux, interfessiers, sous-mammaires ou abdominaux, surtout en cas de surpoids. Plus rarement, elles touchent les espaces entre les doigts, le pli rétro-auriculaire ou le nombril. L’intertrigo débute souvent par une fissure prurigineuse au fond du pli, touchant généralement les deux côtés. La rougeur s’étend de façon centrifuge, bordée de petites pustules et d’une fine desquamation. Un enduit crémeux, parfois malodorant, peut recouvrir la zone atteinte. 

Chez le nourrisson, le port prolongé de couches est un facteur favorisant. Lorsque les rougeurs n’atteignent pas le fond du pli, il s’agit plus souvent d’une irritation que d’une infection fongique.

2. Les infections de la peau à dermatophytes

Les dermatophytes sont des champignons filamenteux appartenant à trois genres principaux : Trichophyton, Epidermophyton et Microsporum. Ils se nourrissent de kératine, présente dans la peau, les ongles et les poils.

On distingue les dermatophytes à transmission anthropophile (d’homme à homme), zoophile (de l’animal à l’homme) et géophile (provenant du sol). 

2.1. Les mycoses à dermatophytes des plis

Au niveau des espaces inter-orteils (le pied d'athlète) :

Cette affection touche surtout l’adulte, principalement entre le quatrième et le cinquième orteil. Le pli est fissuré, blanchâtre, sec ou suintant, avec une desquamation et des démangeaisons variables. Le champignon le plus souvent responsable est Trichophyton rubrum (dermatophyte anthropophile). 

Au niveau des grands plis de l'aine et des cuisses :

Les mycoses des grands plis, comme ceux de l’aine ou des cuisses, résultent souvent d’une auto-contamination à partir des pieds. Elles se présentent sous forme de plaques rouges ou brunâtres, bien limitées, à bordure active, rouge et légèrement squameuse, avec parfois de petites vésicules. Le centre de la plaque tend à s’éclaircir. Les démangeaisons sont fréquentes. 

2.2. Les mycoses de la peau (hors plis et cuir chevelu)

Ces mycoses sont le plus souvent dues à des dermatophytes à transmission inter humaine (anthropophiles) soit par auto-contamination à partir d'un autre localisation (le plus souvent au niveau des pieds) soit par contagion inter humaine. Elles peuvent aussi être dues à une contamination via un animal infecté (dermatophytes zoophiles) : chat, chien, nouveaux animaux de compagnie, animaux d'élevage, par contact direct ou indirect.

Les lésions sont arrondies, nettement limitées, avec un bord rouge et finement squameux, contenant parfois des vésicules ou pustules. L'évolution est centrifuge (les lésions s'étendent par la périphérie) avec une guérison centrale. Il peut aussi s'agir de plaques sèches, toujours bien délimitées, et qui desquament. Les démangeaisons sont en général fortes.

Au niveau des paumes des mains et des plantes des pieds, l'aspect est particulier, très desséché, blanchâtre, farineux, avec un renforcement des plis qui apparaissent plus visibles. La présentation asymétrique, une seule plante atteinte, ou bien 2 plantes et une seule paume atteintes, est très évocatrice de mycose à dermatophytes.

2.3. Les mycoses à dermatophytes du cuir chevelu et des poils (teignes)

Les teignes touchent principalement les enfants avant la puberté, mais peuvent aussi atteindre l’adulte, notamment au niveau de la barbe. La transmission interhumaine est la règle en milieu urbain.

Les teignes provoquent des plaques squameuses, parfois croûteuses ou pustuleuses, avec des cheveux cassés ou clairsemés. Chez l’enfant, toute anomalie du cuir chevelu de ce type doit faire évoquer une teigne. 

Les teignes se présentent sous différentes formes cliniques selon l'espèce de dermatophyte en cause :

Teignes trichophytiques (dues aux Trichophyton) :

  • Teigne tondante : petites plaques arrondies, uniques ou multiples, bien délimitées, de 2-5 cm de diamètre, avec des cheveux cassés courts (2-3 mm), donnant un aspect tondu. La peau du cuir chevelu peut paraître normale ou légèrement squameuse. Les champignons les plus fréquemment responsables sont le Trichophyton (T. tonsurans, T. violaceum, T. soudanense) à transmission inter humaine.
  • Teigne suppurée (kérion) : l’inflammation est intense, formant des plaques rouges, œdémateuses et douloureuses, recouvertes de pustules et de croûtes ; un écoulement de pus peut apparaître à la pression. Cette forme peut laisser une zone d’alopécie (perte des cheveux ou des poils sur une zone donnée) cicatricielle définitive. La transmission se fait généralement par un animal contaminé. L'examen sous la lumière de Wood est négatif (pas de fluorescence) . 

Teignes microsporiques (dues aux Microsporum) :

  • Forme typique : grandes plaques arrondies ou ovalaires (5-8 cm), peu nombreuses (1-3), bien délimitées, avec des cheveux cassés plus longs (5-8 mm) que dans les teignes trichophytiques. Les cheveux atteints deviennent ternes, grisâtres, et se cassent facilement.  Les champignons responsables sont les Microsporum à transmission anthropophile ou zoophile. La présence d’une fluorescence vert-jaune sous lampe de Wood est présente en cas d’infection par M. canis. Ces formes sont en général moins inflammatoires que les teignes trichophytiques. 

Formes particulières :

  • Teigne favique (Trichophyton schoenleinii), exceptionnelle en France, caractérisée par des croûtes jaunâtres en forme de cupules (“godets faviques”) à odeur de souris, évoluant vers une une zone sans cheveux définitive cicatricielle.
  • Sycosis de la barbe : forme de teigne du visage chez l’homme adulte, souvent très inflammatoire, avec des pustules autour des poils, le plus souvent d’origine zoophile.

2.4 Les mycoses à dermatophytes des ongles (onychomycoses)

Les onychomycoses représentent environ la moitié des maladies des ongles. Elles concernent près de 10 % des adultes, avec une fréquence qui augmente avec l’âge. Les champignons les plus souvent en cause sont Trichophyton rubrum et Trichophyton mentagrophytes (dermatophytes anthropophiles). 

Aspects cliniques :

  • Onychomycose sous-unguéale distale : la plus fréquente, débute par le bord libre de l'ongle avec un aspect jaunâtre, un épaississement et un décollement progressif de l’ongle
  • Onychomycose sous-unguéale proximale : plus rare, débute au niveau de la matrice avec une tache blanchâtre près de la lunule (zone blanchâtre en demi-lune visible à la base de l’ongle)
  • Onychomycose superficielle : atteinte de la surface de l'ongle avec des taches blanches poudreuses
  • Onychomycose dystrophique totale : forme évoluée avec destruction complète de l'ongle qui devient épais, friable et déformé

Les ongles des orteils, notamment le gros orteil, sont plus fréquemment atteints que ceux des mains. 

3. Les mycoses de la peau à malassezia, ou pityriasis versicolor

C'est une infection bénigne superficielle de la peau, très fréquente et récidivante, due à des champignons du genre Malassezia.

La personne atteinte est souvent un jeune adulte, homme ou femme, et présente de multiples petites taches sur le corps. Leur couleur est variable allant du rose, beige, jaune, au brun, les taches deviennent souvent blanches sur la peau pigmentée par le soleil (d'où le terme versicolor). Les lésions prédominent sur le tronc (très fréquemment le haut du thorax) et la racine des membres supérieurs, mais existent parfois sur la tête, le cou et les membres. Elles s'étendent progressivement et peuvent se rejoindre pour former de grandes plaques. Certaines zones de la peau sont parfois contaminées sans que cela soit visible à l'œil nu.

Les taches sont souvent légèrement squameuses et prédominent sur les zones séborrhéiques et moites de la peau (affinité du champignon pour les corps gras). Le pityriasis versicolor ne démange pas. Il n'est pas contagieux, et n'a aucun retentissement sur la santé.

Un examen de la peau dans une pièce sans lumière à l'aide d'une lampe de Wood (lampe à UV utilisée en dermatologie pour examiner la peau dans l’obscurité) peut aider au diagnostic en révélant une fluorescence verdâtre des taches. Aucun examen de laboratoire n'est, dans la très grande majorité des cas, nécessaire pour faire le diagnostic.

4. Diagnostic différentiel

Certaines affections peuvent imiter une mycose cutanée :

  • L’eczéma qui se distingue par des lésions à contours flous, une évolution par poussées et une amélioration sous corticoïdes.
  • Le psoriasis où les plaques sont cependant plus épaisses, bien limitées, avec des squames blanches-argentées.
  • L’intertrigo bactérien qui évolue plus rapidement, dégage une odeur caractéristique et répond aux antibiotiques.
  • L’érythrasma, infection bactérienne particulière, qui présente une fluorescence rouge corail sous lampe de Wood.

En cas de doute, un prélèvement mycologique est indispensable avant tout traitement antifongique.

5. Les complications possibles

Les mycoses superficielles sont bénignes mais peuvent se compliquer :

  • Surinfection bactérienne secondaire, surtout dans les plis macérés, avec apparition de pus, fièvre et ganglions.
  • Extension à d’autres zones par auto-contamination.
  • Chronicité si les facteurs favorisants persistent.
  • Candidoses disséminées chez les sujets immunodéprimés.
  • Alopécie cicatricielle après certaines teignes non traitées.
  • Impact psychologique important en cas d’atteintes visibles (cuir chevelu, ongles, visage).