Les papillomavirus humains génitaux
Les papillomavirus humains forment une grande famille de virus (plus de 200) dont une cinquantaine peuvent donner lieu à des lésions génitales. On peut classer ces derniers en deux grandes catégories :
- Les HPV responsables des condylomes, localisés principalement au niveau des organes génitaux externes (pénis, pubis, scrotum chez l' homme, vulve chez la femme) et de l' anus. Plus rarement ils peuvent siéger à l' intérieur du vagin, de l' urètre ou du canal anal. On parle de virus à bas risque oncogène (bas risque de cancer).
- Les HPV associés au développement de lésions précancéreuses et cancéreuses, en particulier du col utérin, du vagin, de la vulve, de l' anus et du pénis. Il s' agit des papillomavirus à haut risque oncogène (haut risque de cancer).
Les lésions externes bénignes provoquées par les virus à bas risque sont associées dans 20 à 30% des cas à une infection du col ou de l' anus liées à des virus à haut risque pouvant donner des lésions pré cancéreuses : il est indispensable lorsque l' on découvre des condylomes de rechercher aussi ces dernières :
- au niveau du col utérin, par la pratique d' un frottis cervico-utérin (qui, chez toutes les femmes doit de toute façon être pratiqué tous les 3 ans à partir de l' âge de 25 ans par le gynécologue).
- au niveau du canal anal (quand il existe des lésions anales externes) par la mise en œuvre d' une anuscopie
En effet, les HPV à haut risque sont responsables de près de 100% des cancers du col et de ceux de l' anus.
Ils sont également responsables d' une partie (40 à 50%) des cancers rares de la vulve, du vagin et du pénis. Ces cancers sont longtemps précédés par des lésions précancéreuses détectables par l' examen clinique et aisément traitables.
Certaines caractéristiques sont communes à tous les HPV génitaux qu' ils soient à haut ou bas risque :
- ils se transmettent par contact direct avec les lésions, essentiellement au cours des rapports sexuels. Des microtraumatismes entraînant des microlésions de la muqueuse (voir lexique) sont vraisemblablement nécessaires. Ces virus étant résistants aux conditions environnementales (écarts de température, froid, chaleur, agents chlorés…), une transmission indirecte par de l' eau, du linge de toilette ou du matériel souillés est possible, de même que par les saunas ou les jacuzzis. Une auto-contamination par les mains d' une région à l' autre de la sphère génitale (de la vulve ou du pénis vers l' anus par exemple) est possible. Au niveau des verrues, les virus sont très nombreux, ce qui explique leur contagiosité.
- le risque de contamination après un seul contact sexuel avec un individu infecté est de l' ordre de 60 à 70%, plus important de la femme vers l' homme que dans l' autre sens.
- la plupart du temps cette infection ne provoque aucune lésion et disparaît spontanément en moyenne au bout de 8 mois. Rarement, quand le virus « s' accroche », des manifestations cliniques surviennent. Elles mettent assez longtemps à apparaître : 3 à 6 mois (jusqu' à 1 an) après l' infection initiale pour les condylomes, plusieurs années pour les lésions pré cancéreuses. Ces délais et le fait que de petits condylomes naissants restent longtemps peu à pas visibles dans cette localisation éloignée des yeux, rendent le plus souvent illusoire les efforts pour identifier le ou la partenaire contaminant(e) et pour déterminer la date de contamination.
Quels examens pour les condylomes ?
Un diagnostic à l' œil nu
Si le diagnostic de condylomes est assez simple, les lésions étant visibles à l' œil nu, il est indispensable de rechercher la coexistence éventuelle de lésions potentiellement cancéreuses au niveau du col utérin par la réalisation d' un frottis cervicovaginal.
La constatation de l' existence de condylomes nécessite un examen des sites moins visibles et éventuellement suspects d' être le siège de lésions précancéreuses ou cancéreuses (anus, pénis, vagin, col de l' utérus). Des examens complémentaires permettant de voir l' intérieur de l' urètre (urétroscopie) ou de l' anus (anuscopie) ne seront réalisés qu' en cas de doute clinique ou de localisation des condylomes à proximité de l' anus ou du méat urétral chez l' homme.
Un avis spécialisé auprès d' un urologue et/ou d' un proctologue peut être nécessaire. De même, la réalisation d' un frottis cervicovaginal chez la femme sera proposée afin de repérer l' existence de lésions précancéreuses ou cancéreuses du col de l' utérus. Un avis spécialisé auprès d' un gynécologue sera systématiquement conseillé.
Une biopsie peut être réalisée en cas de doute diagnostique, de lésions atypiques et dans les formes de condylomes résistantes aux traitements.