Les causes de l’acné.
Comprendre les origines de l’acné
L’acné est une pathologie inflammatoire chronique de l’appareil pilosébacé. Sa physiopathologie, de mieux en mieux comprise, est liée à des facteurs à la fois internes (intrinsèques) et externes (extrinsèques).
1. Facteurs intrinsèques responsables de l’apparition de l’acné :
- L’hyperkératinisation folliculaire.
Les cellules tapissant la paroi du follicule pileux (les kératinocytes) prolifèrent excessivement et deviennent plus adhérentes entre elles, rendant leur élimination plus complexe. Elles s’accumulent alors dans le follicule pileux et empêchent l’évacuation du sébum. Il se crée donc un bouchon (le bouchon infra-infundibulaire), à l’origine de la formation d’un comédon. Le comédon est la lésion élémentaire principale de l’acné.
- Une modification de la quantité et de la composition du sébum.
Le sébum, produit par les cellules de la glande sébacée (les sébocytes), est un fluide huileux dont la fonction normale est de protéger la peau. Il s’écoule en permanence par le canal pilaire, à l’endroit où sort le poil. Dans l’acné, ce canal est notamment obstrué ou encombré par un sébum trop visqueux et produit en excès. Cela favorise l’apparition de lésions acnéiques.
De plus, il a été récemment démontré que la composition du sébum est altérée chez les personnes acnéiques : c’est ce qu’on appelle la dysséborrhée, caractérisée par un profil lipidique modifié. On observe notamment une augmentation du squalène et des acides gras libres, ainsi qu’une diminution de l’acide linoléique. Ces modifications favorisent la comédogénèse et l’inflammation cutanée.
- Un microbiome cutané différent de celui des peaux normales.
Le microbiome (ou microbiote) cutané désigne l’ensemble des micro-organismes présents naturellement sur la peau (bactéries, virus, parasites et champignons). Les personnes ayant une peau acnéique présentent plus fréquemment une prolifération de Cutibacterium acnes (anciennement Propionibacterium acnes). Dans la peau saine, C. acnes joue un rôle important dans l’équilibre du microbiome cutané car il prévient la colonisation par d’autres micro-organismes délétères en maintenant un pH acide.
Dans l’acné, il a été observé une perte de diversité entre les sous-espèces de C. acnes avec une prédominance spécifique d’une d’entre elles (le phylotype IA1), responsable d’une inflammation cutanée. Cette sous-espèce est surreprésentée dans les peaux acnéiques, aussi bien sur le visage que sur le tronc.
- Le rôle des hormones.
Les androgènes influencent la survenue de l’acné en stimulant la prolifération des cellules produisant le sébum (les sébocytes). Des études ont évalué l’influence de l’âge des premières règles et la régularité des règles sur la survenue ou la gravité de l’acné, mais ne retrouvent pas de relation significative. En revanche, plusieurs études confirment la plus grande sévérité de l’acné en période prémenstruelle (juste avant les règles). Certaines hormones jouent sans doute un rôle aggravant dans l’acné, telles que le facteur de croissance analogue à l'insuline 1 (IGF-1), dont les niveaux augmentent pendant la puberté et sont influencés par certains aliments, notamment ceux à indice glycémique élevé, ainsi que la substance P, sécrétée en période de stress.
- Une altération de la barrière cutanée.
La dysséborrhée et les modifications du microbiome cutané contribuent à l’inflammation et à l’altération de la barrière cutanée. Chez les personnes acnéiques, une augmentation de la perte d'eau à travers la peau indiquant que la peau devient plus perméable, a aussi été observée. Cela se traduit généralement par une sécheresse de la peau et des rougeurs, même sans traitement contre l’acné.
- La génétique
La génétique joue aussi un rôle dans l’acné. Il existe en effet des formes familiales d’acné et le risque d’avoir de l’acné est plus important lorsqu’il y a un antécédent dans la famille. De plus, si les deux parents sont atteints, il est statistiquement plus probable que leur enfant souffre d'une acné plus sévère. Par ailleurs, on observe que certaines populations, comme celles vivant près du cercle polaire ou dans des îles isolées d'Amérique du Sud, semblent épargnées par l'acné. On ignore si cela est dû à une protection génétique ou si leur mode de vie, notamment leur alimentation, empêche le développement de l'acné.
2. Facteurs extrinsèques influençant l’apparition des lésions d’acné :
- La pollution, qui induit la production d’espèces réactives de l’oxygène (ERO ou ROS – Reactive Oxygen Species). Le stress oxydatif qui en découle est responsable d’une inflammation cutanée.
- Les UV, qui peuvent donner une fausse impression d’amélioration temporaire des lésions en asséchant certaines d’entre elles lors de l’exposition. En réalité, ils génèrent eux aussi un stress oxydatif et une inflammation, altérant la barrière cutanée et aggravant secondairement l’acné.
- L’alimentation, dont le rôle reste débattu. Les produits laitiers, le chocolat, les régimes riches en sucres et en aliments ultra-transformés sont souvent mis en cause. Il a été montré que la leptine, une hormone produite par les cellules graisseuses (adipocytes), peut induire une réponse inflammatoire et modifier la composition lipidique du sébum, ce qui soutient l’hypothèse d’un lien entre l’alimentation et l’acné.
- Le stress : L'implication du stress dans la survenue de l'acné semble corroborée par la présence en grand nombre de cellules nerveuses près de la glande sébacée. Ces cellules peuvent produire une substance, dite substance P, libérée sous l'effet du stress qui peut stimuler la production de sébum. Si les recherches permettent d'isoler un principe actif, inconnu à ce jour, capable de bloquer cette substance P, il est probable qu'il sera possible de diminuer la production du sébum et d'atténuer, ce faisant, l'impact de l'acné.
Quels examens pour l’acné ?
Il n’y a pas d’examen systématique à réaliser devant une acné.
Cependant, chez la femme adulte ou face à des signes d' hyperandrogénie (excès d'hormones masculines), à savoir l'excès de pilosité sur le corps, perte des cheveux, troubles des règles (arrêt ou irrégularité ou douleurs importantes) et prise de poids, le médecin pourra réaliser un dosage d'hormones sexuelles dans le sang (si la patiente ne prend pas d’hormone, pilule, stérilet ou implant sous cutané) et parfois une échographie pelvienne pour analyser notamment les ovaires ; car les ovaires et les glandes surrénales des femmes fabriquent aussi des hormones sexuelles mâles. Mais ces anomalies demeurent rares.
Le plus souvent l'acné n'est pas associée à des anomalies du taux des hormones.
Il est alors évoqué une hypersensibilité de la peau aux hormones masculines circulantes, c’est à dire une réaction exagérée des cellules de la glande sébacée aux hormones qui sont présentes à un taux normal.
En l'absence d'explication claire par les examens de sang, cette acné de la femme adulte n'a pas d'explication connue à ce jour, même si le rôle des cosmétiques et du stress est évoqué. L'homme adulte peut également parfois être touché par l'acné. Aucun examen n’est à proposer dans cette situation.