Qu’est-ce que c’est ? 

1. Est-ce fréquent ? 

Le vitiligo est une maladie de la peau relativement fréquente.  

Elle touche 0,5% à 2% de la population selon les études. Les hommes et les femmes sont atteints avec la même fréquence. Le vitiligo concerne les adultes jeunes et les enfants. Une étude française menée en 2018 dans le cadre de la cohorte nationale CONSTANCES a montré qu’environ 7 personnes sur 1 000 étaient atteintes de vitiligo en France cette année-là. Environ deux tiers des patients étaient diagnostiqués avant 30 ans. La qualité de vie était particulièrement affectée chez les personnes dont les lésions de vitiligo étaient visibles, ou lorsqu’elles couvraient plus de 5 % de la surface corporelle (soit une zone équivalente à environ 5 fois la taille de la paume d’une main). 

2. Comment se manifeste le vitiligo ? 

Le vitiligo se manifeste par des plaques blanches qui correspondent á la disparition progressive de la pigmentation à certains endroits du corps. Au sein de ces zones atteintes les cellules qui fabriquent le principal pigment de la peau (la mélanine) ont disparu. Ces cellules s' appellent les mélanocytes. 

Les plaques de vitiligo sont généralement asymptomatiques, c' est-à-dire qu' elles ne grattent pas, ne brûlent pas et ne font pas mal. Elles ne sont jamais contagieuses. Elles ont comme principales caractéristiques d’être blanches « achromiques », sans relief et très bien limitées avec des contours géométriques. 

Vitiligo : une maladie, plusieurs formes cliniques 

Il existe plusieurs formes de vitiligo, différentes par leur répartition sur le corps et leur évolution. 

Le vitiligo non segmentaire 

C’est la forme la plus fréquente, représentant environ 85 à 90 % des cas. Elle se manifeste par des plaques blanches réparties de manière globalement symétrique sur les deux côtés du corps.  

On distingue plusieurs sous-types : 

  • Vitiligo « vulgaire », généralisé : les plaques sont multiples, souvent bilatérales et grossièrement symétriques. Elles apparaissent préférentiellement sur les zones exposées au soleil (visage, mains, pieds) ou soumises aux frottements (coudes, genoux).  
Vitiligo vulgaire
  • Vitiligo localisé : l’atteinte est limitée à une ou deux plaques sur une zone précise du corps.
  • Vitiligo universel : il s’agit d’une forme rare, dans laquelle la dépigmentation concerne presque la totalité de la peau et des poils, ne laissant que peu de zones normalement pigmentées non atteintes. 

Le vitiligo segmentaire 

Moins fréquent (5 à 10 % des cas), ce type de vitiligo touche une seule région du corps, de manière unilatérale (un seul côté). Les lésions suivent souvent un trajet linéaire ou en bande. Cette forme survient généralement plus tôt dans la vie, le plus souvent chez l’enfant. 

Le vitiligo peut également toucher les muqueuses, comme l’intérieur de la bouche, les lèvres ou les organes génitaux. Dans ces cas, on observe des zones blanches bien délimitées sur ces zones. Les poils et les cheveux situés dans les zones atteintes peuvent aussi devenir blancs notamment lorsque les lésions de vitiligo touchent la peau au niveau des sourcils, des cils, de la barbe ou du cuir chevelu. 

3. Certains signes cliniques témoignent de l’activité de la maladie. 

Les principaux signes qui montrent que le vitiligo est actif sont les suivants : 

  • L’effet Koebner : de nouvelles taches blanches apparaissent sur des zones de peau qui ont été blessées ou irritées, par exemple à cause de frottements répétés ou d’une irritation. Ces nouvelles taches peuvent apparaître quelques jours à quelques semaines après le traumatisme.
  • Les lésions en confettis : ce sont de très petites taches blanches, d’environ 1 à 5 mm, qui peuvent apparaître seules ou autour de taches plus grandes.
  • Les lésions trichromes : dans ce cas, on observe autour des taches complètement blanches une zone légèrement décolorée, moins blanche, formant ainsi trois zones de couleurs différentes sur la peau : la peau normale, la peau légèrement décolorée, puis la peau complètement dépigmentée. Ce phénomène indique souvent que la maladie est active, mais il peut aussi être un signe que la peau commence à se repigmenter.
  • La présence d’une bordure rouge inflammatoire en périphérie de lésions. 
Vitiligo avec lésions en confettis

De plus, il existe des outils spécifiques (échelles d’activité) pour évaluer si la maladie progresse, se stabilise ou s’améliore.  

Le médecin et le patient peuvent aussi suivre l’évolution des lésions en les comparant à différents moments, notamment grâce à des photographies prises régulièrement. Cela permet de mieux comprendre l’évolution de la maladie et d’adapter le traitement si nécessaire. 

4. Évolution naturelle du vitiligo : une évolution imprévisible 

L'évolution du vitiligo est imprévisible. La maladie peut rester stable, s’étendre plus ou moins rapidement, voire régresser, souvent sous l’effet des ultraviolets (UV) du soleil. 

Hormis la peau, les autres organes ne sont pas affectés, et l’espérance de vie des personnes atteintes de vitiligo est identique à celle de la population générale. 

Par ailleurs, les personnes atteintes de vitiligo ne présentent pas un risque accru de développer un cancer de la peau, notamment un mélanome. Certaines études suggèrent même qu’elles pourraient avoir un risque plus faible de cancer que la population générale. 

5. Une maladie bénigne mais un grand retentissement sur la qualité de vie 

Le vitiligo est encore souvent, malheureusement, considéré comme un problème esthétique bénin. Il est cependant maintenant bien démontré que le vitiligo retentit souvent de façon importante sur la vie des personnes qui en souffrent. Des études ont montré que le retentissement psychologique du vitiligo était comparable à celui de la dépression, de l’hypertension artérielle ou même de certains cancers. Une faible estime de soi et un fort sentiment de stigmatisation sont souvent présents. L’évaluation de la qualité de vie doit être prise en compte chez tous les patients, et une intervention, un accompagnement ou un soutien peuvent être proposés si nécessaire. 

6. Association à d’autres maladies auto-immunes 

Le vitiligo peut être associé à d’autres maladies auto-immunes. Ainsi, les personnes qui en sont atteintes présentent plus fréquemment certaines pathologies auto-immunes que la population générale. Il s’agit notamment des maladies thyroïdiennes auto-immunes, telles que la thyroïdite de Hashimoto et la maladie de Basedow, mais aussi de la pelade, du lupus érythémateux, du diabète de type 1 et de certaines maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. 

Cette association s’explique par l’existence de mécanismes immunitaires communs, favorisant à la fois l’apparition d’une réaction auto-immune dirigée contre les mélanocytes dans le vitiligo, et le développement d’une réponse auto-immune dans ces autres maladies.