info Résumé
- L’urticaire se caractérise par des plaques qui démangent et qui ressemblent à des piqûres d’orties.
- Ces plaques se déplacent sur le corps au fil des heures, chacune disparaît en 24 à 48 heures maximum tandis que de nouvelles apparaissent ailleurs : on dit qu’elles sont mobiles et fugaces.
- Des gonflements peuvent être associés à l’urticaire dans un peu moins de 50 % des cas ; ils sont appelés angioedèmes.
- On différencie les urticaires aiguës, d’une durée inférieure à 6 semaines, des urticaires chroniques qui durent plus de 6 semaines d’affilée.
- L’urticaire allergique est rare, elle fait partie des causes d’urticaires aigues. Elle nécessite un bilan allergologique.
- Les urticaires chroniques ne sont pas d’origine allergique. Elles ne sont pas dangereuses même en cas d’angioedèmes du visage.
- Certaines urticaires chroniques peuvent être déclenchées par une cause externe appliquée sur la peau le plus souvent (on parle aussi d’urticaires dites inductibles) : la plus fréquente est le dermographisme, provoqué par la friction de la peau.
- Le bilan allergologique (tests cutanés, prise de sang) est INUTILE en cas d’urticaire chronique.
- Le traitement de l’urticaire repose sur les antihistaminiques.
- En cas d’urticaire chronique, les antihistaminiques doivent être pris en continu pendant plusieurs semaines à plusieurs mois, autant que nécessaire, et pas au coup par coup lors des poussées.
- La cortisone doit être évitée.
1. Qu’est-ce que c’est ?
L’urticaire est due à l’activation de cellules normalement présentes au niveau du derme dans notre peau appelées mastocytes.
Lorsque le mastocyte est au repos, rien ne se produit mais lorsqu’il est activé, il libère des substances (dont la principale est l’histamine) qui vont déclencher l’urticaire.
Reconnaître l’urticaire
- C’est une éruption cutanée localisée ou généralisée constituée d’une ou plusieurs plaques de taille variable comparables à celles de piqûres d’orties. Ces plaques sont de couleur rouge ou rosée, arrondies, bien limitées et en relief.
- Les lésions d’urticaire ont également pour propriétés de démanger et de changer de place au fil des heures. Classiquement, une plaque d’urticaire évolue sur quelques heures en dessinant des cercles ou des arabesques puis elle disparaît en 24 à 48 heures.
- Des œdèmes peuvent aussi être présents, ils sont le plus souvent localisés au visage, aux mains, aux pieds, aux organes génitaux ou encore aux muqueuses (lèvres, langue, luette, pharynx). Les lésions prennent alors un aspect différent devenant plus boursouflées ou œdémateuses et les rougeurs sont estompées. On parle alors d’angiœdème..
info Qu’est-ce qu’un œdème de Quincke ?
Bien que couramment utilisé, le terme d’œdème de Quincke décrit en fait un gonflement cutané ou muqueux ou angiœdème.
Le terme d’œdème de Quincke est uniquement descriptif ; il peut exister d’autre cause d’angioedèmes que ceux associés à l’urticaire.
Les angiœdèmes siègent plus fréquemment sur le visage (en particulier paupières et lèvres), provoquant des déformations parfois impressionnantes. Leur durée d’évolution est généralement un peu plus longue que celle des plaques d’urticaire.
Lorsque cet œdème touche les cordes vocales, il peut entraîner une modification de la voix. Lorsqu’il affecte le larynx, il peut exister une gêne à la respiration et pour avaler. Ces œdèmes peuvent toucher toutes les parties du corps et préférentiellement les extrémités (mains, pieds).
Des angiœdèmes peuvent survenir quelle que soit la cause de l’urticaire et dans d’autre maladies que l’urticaire. Il ne s’agit pas donc pas toujours d’un mécanisme allergique.
2. Classification des urticaires
On peut classer les urticaires en fonction de leur durée d’évolution. Ainsi distingue-t-on classiquement les urticaires aiguës et chroniques.
- On parle d’urticaire aiguë si l’éruption et/ou les angiœdèmes persistent de quelques heures à quelques jours (mais moins de 6 semaines).
- On parle d’urticaire chronique lorsque l’éruption et/ou les angiœdèmes sont présents au moins 6 semaines d’affilée.
- Cette distinction est importante car, en fonction de la durée, la prise en charge pourra être différente. Certaines urticaires chroniques sont les urticaires inductibles : les poussées sont dans ce cas déclenchées par un facteur extérieur appliqué le plus souvent au contact de la peau tel un frottement, le froid, la chaleur, etc.
3. Les causes de l’urticaire
Il est très rare qu’une urticaire ait une cause unique; elle est le plus souvent liée à l’association de plusieurs facteurs.
L’urticaire aiguë
- C’est la plus fréquente des formes d’urticaire, en particulier chez l’enfant.
- Elle apparaît souvent brutalement et dure de quelques heures à quelques jours (en moyenne 4-5 jours).
- Elle survient le plus souvent chez le petit enfant dans un contexte d’infection virale telle une bronchite, une angine, une otite ou un simple rhume.
- L’urticaire aiguë est le plus souvent non allergique.
- Il est important de savoir que la prise de médicaments, souvent en cas d’infections, peut déclencher de l’urticaire indépendamment de toute allergie.
info L’urticaire allergique.
Contrairement aux idées reçues :
- Les urticaires et/ou angiœdèmes allergiques sont rares,
- Elle est aigue et brutale et non chronique.
- Elle est potentiellement grave, en cas d’association à d’autres symptômes allergiques : respiratoires (toux, asthme), digestifs (douleurs abdominales, vomissements, diarrhées), ou d’un malaise lié à une chute de la tension artérielle. Le choc anaphylactique en est la manifestation la plus sévère.
L’urticaire chronique spontanée
- L’urticaire chronique est une urticaire qui se répète tous les jours, ou 2–3 jours par semaine, pendant plus de 6 semaines.
- Les urticaires chroniques ne sont pas dangereuses et elles ne mettent pas en jeu le pronostic vital même en cas d’angiœdème.
- L’urticaire chronique n’est pas une maladie allergique mais une maladie inflammatoire chronique de la peau), favorisée par des infections virales, des médicaments ou le stress sur un terrain prédisposé…
- Elle apparaît généralement de manière brutale et disparaît en plusieurs mois ou années (en moyenne entre 1 et 4 ans). On estime que 40 % des urticaires chroniques persistent après un an, 30 % après 2 ans et 20 % après 10 ans.
Les urticaires chroniques inductibles, aussi appelés urticaires physiques
- Les urticaires inductibles sont des formes d’urticaire chronique (non allergiques) qui évoluent généralement sur plusieurs années et qui sont déclenchées par un facteur physique externe.
- Le diagnostic est souvent simple, car l’urticaire apparaît le plus souvent dans les minutes suivant la stimulation et disparaît rapidement à son arrêt. Elle peut être confirmée par des tests dits « de provocation ».
- La forme la plus fréquente est le dermographisme, provoqué par le simple frottement de la peau ou par des vêtements serrés.
- L’urticaire cholinergique est déclenchée par une augmentation de la température corporelle (effort physique, douche chaude, etc.) et se manifeste par de nombreuses petites lésions, de la taille d’une tête d’épingle, plus ou moins disséminées sur le corps.
- L’urticaire au froid touche surtout les zones exposées au vent ou aux températures basses.
- L’urticaire retardée à la pression apparaît plusieurs heures après une pression prolongée (port d’un sac à dos, manipulation d’un outil, longue marche).
- L’urticaire solaire survient quelques minutes après l’exposition au soleil et disparaît généralement dans la demi-heure suivant son arrêt.
- L’angio-œdème vibratoire est très rare. Il est déclenché par des vibrations (outils, applaudissements, vélo…).
- L’urticaire aquagénique est exceptionnelle. Elle est provoquée par le simple contact de la peau avec l’eau, quelle qu’en soit la température.
4. Quels examens ?
Urticaire aiguë
- En général aucun examen n’est nécessaire en cas d’urticaire aigue. Seul un bilan allergologique est à prévoir en cas de suspicion d’une urticaire aigue allergique.
Urticaire chronique spontanée
- Un bilan sanguin minimal initial est nécessaire pour éliminer certains autres diagnostics. Aucun autre examen n’est nécessaire dans la grande majorité des cas.
5. Les traitements
Traiter l’urticaire, comment ?
Quel que soit le type d’urticaire, le traitement repose avant tout sur les antihistaminiques récents (dits de « seconde génération ») qui sont efficaces dans la grande majorité des urticaires.
Ils permettent en effet d’inhiber les effets de la libération d’histamine par les mastocytes. Ils agissent rapidement en 30 minutes à 1 heure pendant en moyenne 24 heures.
En cas d’urticaire aiguë, le traitement peut être limité à une semaine ou deux, en fonction de la durée de l’urticaire.
En cas d’urticaire chronique ou d’urticaire aiguë récidivant fréquemment, la prise d’antihistaminiques de seconde génération sera quotidienne souvent pendant plusieurs mois, les posologies peuvent être augmentées jusqu’à fois la dose classique (au maximum 4 comprimés/jour) afin de faire disparaitre les démangeaisons et les éruptions.
Algorithme de prise en charge de l’urticaire chronique spontanée :
La prise en charge de l’urticaire chronique spontanée repose sur une approche progressive en plusieurs étapes, appelée stratégie par paliers. L’objectif est de contrôler l’urticaire tout en limitant les effets secondaires des traitements.
- Palier 1 – Traitement de première intention : le traitement débute par un antihistaminique anti-H1 de deuxième génération, pris à dose standard selon les recommandations officielles. Ces médicaments, comme la cétirizine, la loratadine, la desloratadine, la lévocétirizine, la fexofénadine, la bilastine ou la rupatadine, permettent de réduire les démangeaisons et l’apparition des plaques sans provoquer de somnolence importante.
- Palier 2 – Si le traitement reste insuffisant : si les symptômes persistent, la dose d’antihistaminique peut être augmentée jusqu’à quatre fois la dose habituelle. Des études ont montré que cette stratégie améliore l’efficacité du traitement sans augmenter significativement les effets indésirables.
- Palier 3 – Si l’urticaire reste mal contrôlée malgré les traitements du Palier 2 : d’autres traitements sont disponibles tels que l’omalizumab, ou la ciclosporine.
- D’autres traitements sont en cours de développement et seront commercialisés très prochainement pour le traitement de l’urticaire chronique spontanée.
- Les corticoïdes par voie orale ne sont pas indiqués en traitement de fond en raison du risque de dépendance, voire d’aggravation progressive de l’urticaire.
- En cas d’urticaire allergique, les corticoïdes ne sont pas considérés comme un médicament d’urgence du fait de leur lenteur d’action (plusieurs heures). L’adrénaline est le traitement de référence en cas de réaction anaphylactique.
- Enfin, en cas d’urticaire inductible, la conduite à tenir est identique à celle des urticaires chroniques tout en évitant dans la mesure du possible la stimulation déclenchante.
info Le kit d’auto-injection d’adrénaline dans l’urticaire
Le kit contenant 2 seringues auto-injectables d’adrénaline est prescrit au cours de l’urticaire cas de risque de réaction anaphylactique, principalement dans l’urticaire allergique sévère et certaines formes d’urticaire au froid.
Utilisation : injection intramusculaire immédiate dans la cuisse dès les premiers signes de réaction systémique, à renouveler toutes les 5–10 minutes si nécessaire, suivie d’un appel au 15/SAMU.
L’éducation thérapeutique du patient et de son entourage sur la reconnaissance des signes d’alarme et la technique d’injection est indispensable, avec renouvellement de la prescription avant péremption.
Conseils pratiques
En cas d’urticaire aiguë
Il est indispensable de consulter un médecin.
En fonction des symptômes et de l’évolution de l’urticaire, celui-ci orientera ou non le patient vers un confrère susceptible de réaliser un bilan allergologique. En effet, si l’allergie est une cause rare d’urticaire, elle nécessite une prise en charge particulière qui repose sur l’éviction absolue de l’allergène en cause et la prescription de médicaments adaptés.
En cas d’urticaire chronique
Les conseils pour ne pas aggraver les crises :
- Éviter dans la mesure du possible les facteurs favorisant les crises.
- Ne pas prendre de corticoïdes par voie orale ou injectable, même en cas d’œdème du visage.
- Prendre un traitement antihistaminique de seconde génération à des doses adaptées aux symptômes (sans dépasser 4 comprimés/jour) tous les jours en continu plutôt que de le prendre uniquement lors des poussées.
En cas d’urticaire inductible
Il est souhaitable d’éviter les facteurs déclenchants les poussées d’urticaire inductible dans la mesure du possible :
- Les frottements/friction sur la peau en cas de dermographisme (porter des vêtements amples).
- Les déplacements par temps froid ou humide, les baignades ou sports en eau froide en cas d’urticaire au froid.
- Les efforts physiques, les bains chauds en cas d’urticaire cholinergique.
- Le port de charges lourdes ou des pressions importantes en cas d’urticaire à la pression.
- Les expositions solaires sans protection vestimentaire et/ou crème solaire en cas d’urticaire solaire.
Lorsque vous consultez…
Les photographies des éruptions que vous avez présentées sont très souvent utiles au médecin, en particulier au cours de l’urticaire car les lésions sont parfois absentes lors de la consultation en raison du caractère mobile et fugace des plaques d’urticaire.
Il ne faut pas hésiter à consulter son médecin pour lui exprimer la gêne ressentie et lui poser des questions sur la maladie.