Qu’est-ce que le virus Parvovirus B19 et comment se transmet-il ?
L'infection par le parvovirus B19, également connue sous le nom de cinquième maladie, est fréquente, notamment chez les enfants. Elle se transmet principalement par voie respiratoire, via les gouttelettes de sécrétions en suspension dans l’air lorsqu’une personne infectée tousse, ou encore par contact avec des objets contaminés par ces sécrétions. Le virus circule surtout en hiver et au printemps. Environ 50 % des adultes sont immunisés, tandis que les enfants en collectivité et les jeunes femmes enceintes sont plus susceptibles de contracter le virus.
Le parvovirus B19 peut également se transmettre par voie sanguine, notamment lors de transfusions. En outre, si la mère contracte le virus pendant la grossesse, il existe un risque de transmission au fœtus, pouvant entraîner des complications graves chez ce dernier. L'infection est souvent peu symptomatique ou asymptomatique, passant ainsi inaperçue. Toutefois, dans certains cas, des signes cliniques peuvent apparaître après une période d'incubation variant entre 4 et 21 jours.
1. Phase initiale (primo-infection) :
La primo-infection par le parvovirus B19 se manifeste souvent par un syndrome pseudo-grippal, incluant fièvre, douleurs musculaires et maux de tête. Cependant, cette phase passe généralement inaperçue chez les personnes immunocompétentes. Elle correspond à l'invasion des précurseurs des globules rouges par le virus, entraînant leur destruction. Une anémie transitoire peut être observée à ce stade mais elle est rarement recherchée.
Dans certaines situations spécifiques, cette phase peut cependant avoir des conséquences graves :
- Chez les patients souffrant de pathologies des globules rouges (cellules sanguines transportant l’oxygène) : Les individus atteints de maladies telles que la drépanocytose ou la thalassémie sont susceptibles de développer une anémie sévère car les globules rouges ne parviennent plus à se renouveler en raison de la destruction de leurs précurseurs par le virus.
- Chez les patients immunodéprimés : Les personnes sous traitement immunosuppresseur, les patients greffés ou ceux vivant avec le VIH ont un risque accru de développer des formes chroniques de l'infection, avec une persistance du virus dans le sang, pouvant provoquer une anémie persistante.
- Chez les femmes enceintes : Bien que l'infection ne provoque pas de malformations, elle peut entraîner des complications graves pour le fœtus. Celui-ci peut souffrir d'une anémie sévère et d'une anasarque fœtale (œdème généralisé avec des épanchements au niveau du cœur et des poumons, entre autres), ce qui peut aboutir à la mort intra-utérine, surtout si l'infection survient avant la 20e semaine de grossesse
2. Deuxième phase :
Durant cette phase, des manifestations dermatologiques et articulaires peuvent apparaître. Elle correspond à la production d’anticorps neutralisants dirigés contre le virus (d’abord de type IgM, puis IgG).
Manifestations dermatologiques :
- Éruption cutanée faciale caractéristique : L'infection par le parvovirus B19 débute souvent par une éruption cutanée typique sur le visage : : les joues deviennent rouges, tandis que la zone péri-orale (autour de la bouche) reste préservée, ce qui donne un aspect de "joues giflées". Par la suite, des lésions cutanées en guirlande ou en dentelle peuvent apparaître et s'étendre fréquemment aux bras, aux cuisses et au tronc. Cette éruption cutanée régresse généralement de manière spontanée en quelques jours à quelques semaines. Bien que cette manifestation soit plus fréquente chez les enfants, elle peut aussi se produire chez les adultes. Chez ces derniers, les signes peuvent être moins typiques.
- Une autre manifestation dermatologique bien documentée du parvovirus B19 est le purpura "en gants et chaussettes". Ce syndrome se caractérise par des lésions rouges qui ne disparaissent pas à la pression (purpura) et qui sont palpables (en relief). Ces lésions surviennent principalement sur les extrémités, notamment les mains et les pieds, de manière symétrique, ressemblant à un gant et à des chaussettes.
- Éruption vésiculo-pustuleuse : Dans certains cas, une éruption papulo-vésiculeuse et/ou pustuleuse peut se développer chez les individus infectés par le parvovirus B19. Ces formes atypiques peuvent parfois être accompagnées de lésions buccales.
Manifestations articulaires : Des douleurs articulaires (arthralgies) peuvent survenir en parallèle des symptômes cutanés, en particulier chez les adultes. Il s'agit généralement de polyarthralgies (douleurs affectant plusieurs articulations) d'apparition soudaine, souvent intenses, bilatérales et symétriques. Les douleurs commencent fréquemment au niveau des extrémités avant de se propager aux grosses articulations. Ces douleurs peuvent persister pendant plusieurs semaines.
Dans de très rares cas, l’infection par le virus B19 peut entraîner une méningite, une encéphalite, des neuropathies transitoires ou une myocardite.
Cause
Le parvovirus B19 est un petit virus à ADN monocaténaire découvert en 1975. Il est particulièrement connu pour sa capacité à infecter les cellules humaines, en particulier les précurseurs des globules rouges (érythrocytes), qui sont les cellules sanguines responsables du transport de l'oxygène. Ce virus est strictement humain.
Quels examens ?
- En l’absence d’immunodépression, le diagnostic repose principalement sur la sérologie, réalisée à partir d'une prise de sang. On y recherche des anticorps spécifiques de type IgM (indiquant une infection récente) et IgG (indiquant une immunité durable). Les IgM peuvent persister pendant plusieurs mois, tandis que les IgG offrent une protection à vie contre une réinfection.
- Chez les patients immunodéprimés, une PCR (réaction en chaîne par polymérase) peut être nécessaire. Cette technique permet de détecter directement le génome viral dans le sang, notamment pendant la phase virémique (la première phase de l’infection).
- La présence d’IgM chez une femme enceinte ne permet pas de prédire l'atteinte fœtale, mais elle justifie un suivi échographique rapproché. En cas de complications fœtales, l’ADN viral pourra être détecté dans le sang fœtal (à partir de la 17e semaine d’aménorrhée), dans l’ascite fœtale ou dans le liquide amniotique (examens effectués uniquement dans des laboratoires agréés).
Les traitements
Actuellement, il n'existe pas de traitement antiviral spécifique contre le parvovirus B19. En l’absence de complication aucun traitement n’est nécessaire.
Le traitement est principalement symptomatique lorsque des complications surviennent :
Anémie sévère : Des transfusions de culots globulaires peuvent être nécessaires, notamment chez les patients présentant des anomalies constitutionnelles des globules rouges.
- Anémie chronique chez les immunodéprimés : Des cures d’immunoglobulines polyvalentes peuvent être administrées pour pallier la déficience immunitaire et éliminer le virus. Ces traitements peuvent également être utilisés pour réduire la virémie et corriger l'anémie.
- Suivi de la grossesse : Lorsqu’une femme enceinte est infectée, un suivi rapproché avec échographies et, éventuellement, des transfusions intra-utérines peuvent être nécessaires si des signes d'anémie fœtale grave ou d’anasarque apparaissent.
Il est important de souligner qu’il n'existe actuellement aucun vaccin contre le parvovirus B19.
Bien que les patients soient contagieux pendant la phase virémique, une éviction scolaire n’est pas requise. Toutefois, il est recommandé d’informer et d’isoler les patients à risque (femmes enceintes, personnes immunodéprimées) en cas d’infection d’un proche.
info Données publiées par le site Santé Publique France
D’après les données publiées par le site Santé Publique France, une épidémie d’infections à parvovirus B19 a eu lieu en 2024 en France et dans d’autres pays européens.
L’épidémie a débuté en mai 2023 et a atteint son pic en mars 2024. À la fin du mois de septembre 2024, l’incidence mensuelle des infections à B19V était revenue à des niveaux proches de ceux observés en période pré-épidémique.
Cette épidémie s’est caractérisée par une forte incidence des infections, documentée par différentes sources de données. Une enquête réalisée en avril 2024 auprès des laboratoires de virologie hospitaliers a montré une augmentation des infections materno-fœtales en 2023 et 2024, confirmant l'impact de cette épidémie chez la femme enceinte.
Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2024, 10 décès (6 enfants et 4 adultes) ont été enregistrés en France, ce qui est supérieur à la moyenne de 1,8 décès par an durant la période pré-pandémie Covid-19, où les décès touchaient principalement les adultes.
Conseils pratiques
- En cas d’éruption cutanée, une simple hydratation de la peau est suffisante ; celle-ci s’efface progressivement de manière spontanée.
- Évitez les contacts avec les femmes enceintes et les personnes fragiles, notamment les immunodéprimés et les personnes atteintes de maladies des globules rouges, si vous ou quelqu’un de votre entourage est atteint d’une infection à Parvovirus B19.